Un paysage médiatique bouleversé au XXe siècle par les médias de masse : la radio et la télévision

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Introduction :

Les mass media, ou médias de masse en français, désignent les moyens de diffusion de l’information ou de la publicité, en capacité d’atteindre un large public. Ces médias transmettent la même information à une vaste audience, qui ne peut que la recevoir, tout échange étant impossible.
Il s’agit alors de comprendre comment, au cours du XXe siècle, les grandes révolutions techniques ont permis l’émergence et le développement des médias de masse. Pour cela, nous aborderons d’abord la suprématie de la radio, puis l’arrivée de la télévision et ses deux modèles de développement, privé et étatique. Enfin, nous étudierons la fin du monopole étatique sur ces deux médias.

La suprématie de la radio

La mise au point de la télégraphie sans fil (TSF) entre 1865 et 1922

La collaboration de plusieurs inventeurs à travers différents pays à partir du milieu du XIXe siècle amène à une invention collective, celle de la TSF.
L’objectif de ces chercheurs est d’affranchir la télégraphie des fils et de couvrir ainsi efficacement les distances.
Les principales découvertes qui ont échelonné la mise au point de la TSF sont les suivantes :

  • en 1887, Heinrich Hertz parvient à découvrir et à produire les ondes qui porteront son nom, les ondes hertziennes ;
  • en France, Édouard Branly (professeur à l'Institut catholique) met au point en 1890 le premier radioconducteur qui permet d’émettre ces ondes hertziennes ;
  • enfin, en 1895, le russe Alexandre Popov fabrique un récepteur amélioré grâce à une antenne verticale.
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Définition

Ondes hertziennes :

Impulsions électriques invisibles se propageant dans l’atmosphère et l’espace. Ces ondes radio (du latin radius ou rayon) sont appelées « hertziennes » du nom de leur découvreur. Elles se propagent à la vitesse de la lumière.

Tous les composants indispensables à la transmission des ondes sont prêts, mais à ce stade, ils n’ont pas encore été intégrés dans un système de télécommunication opérationnel.

C’est chose faite grâce à l’Italien Guglielmo Marconi qui y ajoute deux innovations, en sus de l’utilisation des découvertes d’Heinrich Hertz et d’Édouard Branly.
Il intègre ainsi une antenne pour l’émission et un système morse. Cela lui permet de transmettre un signal radio à plusieurs centaines de mètres en 1895.

  • Il dépose son brevet en 1896 : c’est l’année officielle de naissance de la radio.

Les ondes hertziennes se montrent ensuite capables de porter la voix humaine. L’américain Lee de Forest, avec sa lampe à triode (premier dispositif amplificateur d’un signal électronique), réussit à restituer en 1908, du haut de la tour Eiffel, la musique d’un phonographe.

Les premiers postes radio apparaissent au début du XXe siècle L’un des premiers postes radio (1915) créé par la compagnie De Forest Radio Telephone & Telegraph Co.

Enfin, la Grande Guerre amène des progrès notables, notamment dans la fabrication des composants en série. Les conditions sont remplies pour passer d’un usage strictement militaire à une exploitation publique.

La radio, nouveau média de masse

Dans les années 1920, la radio devient assez naturellement un outil d’information et de distraction au service du public. Certes, la qualité sonore des récepteurs est très moyenne, mais elle va considérablement s’améliorer au fil du temps. Le public est là, il ne manque plus que les stations de radio, telles que nous les connaissons aujourd’hui.
Les fabricants de postes (Marconi, Radiola, etc.) cherchent à développer des stations émettrices pour favoriser la vente de leurs produits.

En France, la première émission de radio destinée au public est diffusée le 24 décembre 1921 par Radio Tour Eiffel. Elle propose la météo, les cours de la bourse, des concerts et des conférences en direct de la Sorbonne. Le succès est rapidement au rendez-vous.

  • Entre 1921 et la fin des années 1930, l’audience explose en France et le parc de postes passe de 40 000 unités en 1922 à 5 millions en 1939.
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À retenir

La radio offre l'accès à l'information à des publics peu familiers de l'écrit. Elle apporte sur un même support la possibilité de s'informer, de se cultiver et de se distraire.

Deux modèles de développement de la radio se mettent en place dans le monde.

  • Aux États-Unis, les stations privées, financées par la publicité, se multiplient rapidement. On en compte 200 en 1922, 575 en 1925 et 650 en 1938. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, 7 américains sur 10 écoutent quotidiennement la TSF.
  • D’autres pays, comme le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne, développent un système étatique. La radio reste monopole d’État.
  • La France met en place un système mixte, public et privé.

Les contenus diffusés montrent la force de ce nouveau média. Le 31 octobre 1938, l’adaptation à la radio de la Guerre des mondes d’Orson Welles déclenche une véritable panique chez les Américains. Le réalisme de l’émission laisse à penser que l’Amérique subit une attaque martienne. L’emprise de la radio sur son public inquiète les politiques qui hésitent entre censure et utilisation intelligente de ce nouveau média.

  • Roosevelt, après son élection à la présidentielle américaine de 1932, s’adresse régulièrement au public lors de ses « Causeries au coin du feu », ce qui lui vaut une forte popularité.

La Seconde Guerre mondiale intervient dans un climat intellectuel, psychologique et politique qui a préparé l’opinion à l’idée que la radiodiffusion pourrait jouer un rôle essentiel dans la victoire. On parle de la guerre des ondes. Chaque pays cherche à convaincre le monde en utilisant la propagande, notamment radiophonique.

  • Berlin émet en 53 langues, en ondes courtes, sur la base de la formule d’Hitler dans Mein Kampf : « En période de guerre, les mots sont des armes ».
  • La BBC accueille les exilés des pays vaincus (dont le général de Gaulle, surnommé « le général micro ») et émet en 16 langues. Le parti pris de la BBC est dès lors celui de la vérité, quelle que soit la situation.

Au sortir de la guerre, la radio semble triomphante. Tous les pays européens mettent en place le strict monopole étatique et le nombre de récepteurs atteint des chiffres élevés : cinq millions de récepteurs en France en 1945 puis 10,7 millions en 1958.

  • La radio est bien devenue un média de masse qui accompagne la vie quotidienne en France mais aussi dans le reste du monde.

L’hégémonie de la télévision

La naissance de la télévision

Dans les années 1930, les recherches menées aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, conduisent à expérimenter la télévision. Ce nouveau média naît des découvertes sur la photoélectricité dont les pionniers sont Vladimir Zworykin et John Logie Baird.

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Définition

Photoélectricité :

Capacité qu’ont certains corps à transformer un rayonnement d’électrons d’énergie électrique en énergie lumineuse.

En France, dès 1932, René Barthélemy lance un programme expérimental sous l'impulsion du ministre des PTT (Postes, télégraphes et téléphones), Georges Mandel.

  • En 1935, la première émission publique de télé est diffusée à partir du studio aménagé dans le ministère des PTT.

La télévision ne se développera en tant que média de masse qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dans les pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord, les couvertures nationales (la réception des chaînes publiques sur l’ensemble des territoires nationaux) seront assurées dans les années 1960-1970.
Durant cette période de forte expansion, la télévision, qui est intimement liée au développement de la société de consommation, s'enrichira d'ailleurs de la couleur (à partir de 1967 pour les émissions de télévision française qui sont diffusées en couleur).

Deux modèles de développement : privé et étatique

Comme pour la radio, le système privé se développe rapidement aux États-Unis.

  • Si on dénombre 30 000 récepteurs TV en 1947, le chiffre atteint 4 millions en 1950 et 35 millions en 1961. C’est bien un média de masse.
  • Le financement des chaînes est entièrement assuré par la publicité. En 1948, la publicité à la télévision représente moins de 10 millions de dollars de recettes ; 12 ans plus tard, elle en représente plus d’1,5 milliard. Elle prend une place omniprésente et son pourcentage, au moment des heures de grande écoute, peut atteindre 20 % de la durée totale des émissions.

Les pays d’Europe occidentale mettent en place un monopole étatique et le développement de la télévision se met progressivement en place entre 1945 et les années 1960. * En France, par exemple, 10 % du territoire seulement reçoit la télévision en 1953 mais on passe à 50 % dès 1958.

  • Le nombre de récepteurs suit la même évolution et passe de 3 700 en 1949 à un million en 1958.
  • Le développement se fait sous l’égide des sociétés de diffusion successives créées par l’État avec la RTF en 1945, puis l’ORTF à partir de 1964.
  • Avec un taux d'équipement en téléviseurs de 70,4 % dans les foyers français dans les années soixante, la télévision devient un média grand public en proposant des reportages d’information (« Cinq colonnes à la Une »), des magazines et des divertissements.
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Définition

ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) :

Établissement public à caractère industriel et commercial créé en 1964, l’ORTF est en charge de la radiodiffusion et de la télévision publique, la gestion des émetteurs et de la production audiovisuelle nationale et régionale. L'ORTF symbolise le monopole de l'État sur la radio et la télévision françaises. Il disparaît en 1974.

Progressivement, la télévision s’infiltre dans les foyers en profitant des progrès techniques qui abaissent les coûts tout en améliorant l’attrait des images. Les magnétoscopes et les satellites libèrent les spectateurs de la tyrannie de l’immédiat en leur restituant le choix tout en augmentant le nombre d’heures consacrées au petit écran.

Radio et télévision, deux médias de masse face au retrait de l’État

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À retenir

Le dernier quart du XXe siècle est marqué par la multiplication des chaînes de télévision et des stations de radio. Dans la plupart des pays occidentaux, à l’exception des États-Unis, va se construire un double secteur public et privé pour chacun de ces grands médias.

La nouvelle jouvence de la radio

La radio, que l’on annonçait en déclin avec l’émergence de la télévision, connaît dans les années 1960 une nouvelle jeunesse liée à des progrès techniques et à la liberté des ondes qui permet l’irruption des radios locales privées au début des années 1980.

Dans ce renouveau des années 1960, l’invention du poste à transistors permet une baisse des coûts des récepteurs et leur miniaturisation. Les appareils sont plus légers et permettent une mobilité inédite.

Les habitudes d’écoute évoluent et un partage s’organise entre télévision et radio : à la première, les soirées, à la seconde, les matinées et l’automobile.

La radio conquiert aussi un nouveau public, les adolescents, dont l’émission culte en France, « Salut les copains », est créée en 1959 sur Europe n° 1, une radio périphérique, qui deviendra par la suite Europe 1.

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Définition

Radio périphérique :

Stations de radio que l'on pouvait écouter en France mais dont l'émetteur ne se trouvait pas sur le sol français (exemples : Europe 1, RTL, RMC).

La fin du monopole étatique en Europe

L’exemple français est révélateur de la remise en cause du monopole étatique, tant au niveau de la radio que de la télévision.

Pour la télévision, Valéry Giscard d'Estaing, élu à la présidence française en 1974, accorde peu à peu une certaine autonomie à l'ORTF. Celle-ci est transformée en 7 sociétés, dont 3 sociétés de programmes pour la télévision : Télévision française 1 (TF1), Antenne 2 (A2) et France Régions 3 (FR3).

Sur fond de progrès techniques (comme la modulation de fréquence, qui permet un son de très haute qualité et en stéréo), la nouveauté est l’apparition des radios libres (radios indépendantes qui revendiquent la fin du monopole étatique) dans les années 1970. Le développement de ces radios n’est pas encadré par des lois précises et certaines sont parfois interdites par le pouvoir en place.

  • C’est le cas de « Lorraine cœur d’acier » qui naît en pleine crise de la sidérurgie dans les années 1978-1979.

De multiples émetteurs clandestins s’installent sur le territoire national. Avec l'élection du nouveau président de la République François Mitterrand en 1981, la loi du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle est promulguée. Elle proclame que « la communication audiovisuelle est libre ».

Le paysage radiophonique et télévisuel qui se met en place dans les années 1980 est construit sur le principe du double secteur public et privé :

  • Pour la radio :
  • public avec Radio France (France inter, France culture, France info, etc.) et un financement basé sur la redevance (taxe) et l’absence de publicité ;
  • privé avec un financement assuré par la publicité (NRJ, Nostalgie, Radio Classique, Fun Radio, etc.).
  • Pour la télévision :
  • public autour du groupe France Télévisions et un financement basé sur la redevance ;
  • privé avec la création en 1985 de trois chaînes privées dont le financement est assuré par la publicité (Canal+, la Cinq et TV6 qui deviendra par la suite M6). À celles-ci se joint TF1 qui est privatisée en 1986.

Conclusion :

Durant le XXe siècle, la radio et la télévision deviennent des médias de masse. Grâce à différents progrès techniques, ces deux médias parviennent à s’imposer auprès du public.

Dans le contexte des guerres mondiales, la radio permet de s’informer facilement, mais aussi de se distraire avec des émissions plus légères. Le média connaît un regain de popularité dans les années 1960 avec les transistors, qui sont plus petits que les postes et surtout transportables. La télévision se développe en parallèle et avec l’arrivée de la couleur, des satellites et des magnétoscopes, le média ne cesse de gagner des spectateurs.

À la fin du XXe siècle, les chaînes de télévision et les stations de radio se multiplient, et le public partage son temps entre les deux médias. Le monopole étatique est remis en cause et un système mixte s’installe en France, à la fois public et privé.