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Histoire de la démocratie
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Introduction :
Le modèle démocratique s’est généralement imposé dans les pays développés et il est notamment promu à l’échelle mondiale par les organisations internationales. Néanmoins, les combats démocratiques témoignent de sa constante évolution.
En France, les citoyens se battent pour préserver et faire valoir leurs droits, comme en témoignent les revendications des « gilets jaunes » sur l’exercice de la démocratie. Depuis l’année 1789 qui marque la fin des privilèges avec la Révolution française, la démocratie est sans cesse questionnée, adaptée, réaffirmée.
Mais d’où vient ce modèle largement ancré dans notre société ? Il s’agit dans le cadre de ce cours de comprendre le contexte et les caractéristiques d'élaboration de la démocratie, à travers trois études de cas.
Nous nous intéresserons tout d’abord aux origines de la démocratie à travers le modèle athénien. Ensuite, nous nous concentrerons sur le monde romain et la mise en place de la République. Enfin, nous terminerons par l’étude d’un modèle démocratique moderne : la monarchie parlementaire britannique au XVIIe siècle.
Athènes, le berceau de la démocratie
C’est en Grèce que la notion de démocratie apparaît alors que de grandes cités-États émergent.
En Grèce, les cités-États émergent à partir du VIIIe siècle avant J.-C. Elles constituent des villes autonomes et gouvernent le territoire environnant qu’on appelle la chôra. Athènes est l’une de ces grandes cités-États.
Les origines de la démocratie athénienne
C’est plus précisément à Athènes que la démocratie prend son essor durant la période où les cités-États connaissent un développement fulgurant.
Démocratie :
Le terme « démocratie » vient du grec dêmos, qui signifie « peuple », et krátos, qui signifie « pouvoir » (littéralement, il s’agit donc du pouvoir du peuple). C’est un gouvernement dans lequel le pouvoir appartient à tous les citoyens.
La notion de démocratie à Athènes n’a pas le même sens qu’aujourd’hui. Elle est l’ancêtre de notre démocratie actuelle, mais a subi de longues transformations.
Il s’agit d’un long processus qui débute à la fin du VIe siècle avant J.-C. En effet, avant de devenir une démocratie, Athènes est une oligarchie.
Athènes connaît un enrichissement important avec le développement du commerce méditerranéen. Pour autant, cet enrichissement ne bénéficie pas aux paysans athéniens, qui continuent de s’appauvrir, étouffés par l’aristocratie. Pour rembourser leurs dettes, les paysans deviennent esclaves des riches propriétaires terriens.
Parallèlement, l’essor commercial d’Athènes enrichit les commerçants, contribuant ainsi à l’apparition d’une nouvelle classe sociale plus aisée. Ces nouveaux riches souhaitent bénéficier des mêmes privilèges que les aristocrates.
C’est dans ce contexte de crise économique et sociale que des contestations finissent par s’élever : les Athéniens réclament plus d’égalité politique et remettent en cause l’oligarchie en place.
À cette époque, il n’y a pas de contradiction véritable entre démocratie et impérialisme : l’impérialisme soutient la démocratie, notamment en finançant ses institutions.
La démocratie athénienne se développe progressivement à partir du VIe siècle avant J.-C. La démocratie apparaît avec l’élargissement des droits à l’ensemble des citoyens.
Dans le cadre d’Athènes, on parle d’une démocratie directe puisque chaque citoyen participe à l’exercice du pouvoir sans intermédiaire.
Les droits et les devoirs du citoyen athénien
Le citoyen athénien est une personne de sexe masculin et majeure (18 ans) qui habite sur le territoire athénien. Il doit être né de parents citoyens et avoir fait son service militaire, l’éphébie, pendant deux ans.
Le citoyen athénien participe directement aux décisions de la cité dans les grandes assemblées : l’Ecclésia, la Boulè et l’Héliée.
Les institutions athéniennes sont composées de quatre organes principaux :
Dans le cadre de ses droits, le citoyen peut participer à la vie politique de sa cité.
Il peut intervenir dans les débats publics qui se déroulent sur la place publique, l’Agora. C’est le centre civique où se prennent les décisions importantes.
Il peut aussi voter un texte de loi et bénéficier du misthos.
Misthos :
Salaire journalier accordé aux citoyens les plus pauvres.
Si le citoyen athénien jouit de droits politiques, il a aussi des devoirs dans sa cité.
Il doit participer à la défense de sa cité et peut ainsi être hoplite (fantassin grec). S’il est assez riche, il participe au financement de la défense militaire.
Le citoyen participe aussi à la vie religieuse d’Athènes, comme la fête des Panathénées en l’honneur d’Athéna, et il participe au culte public. Mais en contrepartie, il doit payer des impôts pour financer ces liturgies.
Mais si les citoyens participent activement à la vie politique de leur cité, l’expression de la citoyenneté athénienne se déroule toutefois dans une démocratie inégale, comme nous allons le voir.
Une démocratie inégale
Athènes est une démocratie imparfaite car les citoyens représentent moins du quart des 300 000 habitants que contient alors la cité-État.
Par ailleurs, la vie politique est surtout dominée par les plus riches, issus des anciennes familles aristocratiques d’Athènes. Le citoyen le plus pauvre a seulement accès aux assemblées, tandis que le citoyen le plus riche peut rester longtemps à la tête des magistratures.
Les citoyens constituent une minorité de la population athénienne et tous ne possèdent pas les mêmes avantages réels dans l’exercice de leur droit.
Le vote n’est pas toujours secret (contrairement à nos démocraties modernes), les grands orateurs obtiennent plus de suffrages et la richesse favorise l’accès aux magistratures.
La Res publica, un modèle de démocratie ?
Dans l’Antiquité, il existe un autre système politique dont le rayonnement est important : c’est la République romaine.
République romaine :
Littéralement, le mot « république » vient du latin res publica qui signifie la « chose publique ».
La République romaine est un système politique dans lequel le pouvoir est détenu par un ensemble de citoyens et est contrôlé par le Sénat.
La mise en place de la République romaine
À l’origine, Rome est une cité modeste fondée en 753 avant J.-C. et soumise à un régime monarchique. Les rois étrusques sont chassés du pouvoir en 509 avant J.-C. et la République romaine est mise en place.
La République romaine naît donc à la fin du VIe siècle avant J.-C ., au moment où se développe la démocratie athénienne. Ses institutions sont mises en place progressivement alors que Rome étend sa domination dans toute l’Italie.
Les institutions romaines sont constituées de trois principaux organes : le Sénat, les magistrats et les comices.
Les citoyens se font représenter par les comices : nous sommes dans les prémices d’un système représentatif.
Mais en réalité, c’est le Sénat qui a le contrôle de la République et les citoyens romains ont peu de pouvoirs.
Chaque homme libre est un citoyen romain obtenant la citoyenneté romaine par l’hérédité. Un citoyen romain est né de père citoyen et de mère romaine.
La République romaine a la particularité de faire une sorte de synthèse de trois formes politiques en empruntant des mécanismes monarchiques (consuls qui ressemblent à des rois), oligarchiques (aristocrates puissants, Sénat) et démocratiques (élections, citoyens).
L’accès à la citoyenneté romaine présente des similitudes avec le modèle athénien, sauf au niveau de la participation politique. Celle-ci est très limitée dans le monde romain.
Tout comme le système athénien, le système romain est profondément inégalitaire.
Un système politique inégalitaire
Les citoyens romains sont divisés en deux catégories socialement opposées :
Les patriciens soutiennent le système oligarchique sur lequel repose la République romaine et qui leur confère l’avantage de régner sur les hautes sphères du pouvoir. Cette inégalité entraîne une révolte des plébéiens.
La révolte de la plèbe aboutit en 449 avant J.-C. à la rédaction de la loi des Douze Tables qui constitue le premier corpus de lois écrites, fondant ainsi le droit romain.
Cette loi affaiblit la domination patricienne et renforce légèrement l’action des tribuns de la plèbe (magistrats élus par les citoyens de la plèbe).
Grâce à sa richesse, le patricien peut gravir la carrière des honneurs. Appelée cursus honorum, il s’agit de l’ordre d’accès aux magistratures. L’accès à l’ensemble des magistratures demande beaucoup de temps, d’investissement et d’argent.
La République romaine n’est pas une démocratie dans son ensemble, mais certains mécanismes, comme les droits civils, ont contribué à la construction de l’idée démocratique.
La citoyenneté romaine : un droit pour tous ?
Sous la République romaine, la citoyenneté concerne uniquement les Romains.
Ainsi, une bonne partie de la population qui vit à Rome en est exclue, comme par exemple les pérégrins.
Pérégrin :
Homme libre des provinces récemment conquises par Rome.
En outre, comme à Athènes, les femmes, les enfants et les esclaves sont exclus de la citoyenneté. Cependant, alors que Rome étend sa domination progressivement à toute l’Italie, l’accès à la citoyenneté romaine s’élargit aux populations vivant dans la péninsule italique.
Les cités italiques obtiennent que leurs citoyens puissent devenir magistrats et sénateurs, privilèges jusqu’alors réservés aux seuls Romains.
Cette extension de la citoyenneté romaine s’applique peu à peu à toute l’Italie puis à toutes les provinces. À la différence d’Athènes, la citoyenneté romaine n’est pas fermée, car elle intègre toutes les personnes libres de la République, tels que les esclaves affranchis.
Elle permet à Rome de s’enrichir grâce aux impôts des nouveaux citoyens, mais aussi de s’unir en cas de guerre.
L’extension de la citoyenneté romaine constitue un acte démocratique, dans la mesure où l’ensemble des habitants de Rome puis de l’Italie deviennent citoyens. Elle implique une égalité dans les droits civils.
La République romaine a donc mis en place des actes fondateurs de la démocratie.
Il faut attendre plusieurs siècles pour voir émerger des démocraties en Europe, comme en France, en Allemagne ou encore en Grande-Bretagne.
Le modèle démocratique du Royaume-Uni
Le système britannique est né à la suite d’une longue transformation du système politique. Jusqu’au XVIIe siècle, la monarchie britannique, à l’instar des autres systèmes politiques européens, se veut autoritaire et dominée par la figure du monarque.
Au XVIIe siècle, le Royaume-Uni bascule vers une monarchie parlementaire.
Les origines de la démocratie britannique
Pourtant dès 1215, au Moyen Âge, la Grande Charte (Magna Carta) avait déjà marqué les prémices du système représentatif britannique : la noblesse du Parlement limite par ce texte pour la première fois les pouvoirs du roi (interdiction des arrestations arbitraires et de la levée d’impôts extraordinaires.
Mais au cours du XVIe siècle, l’absolutisme se met en place sous les Tudors puis les Stuarts, renforçant le pouvoir du souverain. Le Parlement n’est plus convoqué.
Ce contexte favorise la Glorieuse Révolution (1688-1689) en Angleterre qui aboutit à la fuite du roi Jacques II et à l’instauration d’une monarchie parlementaire.
Deux textes de référence vont devenir le symbole de cette évolution : l’Habeas Corpus et le Bill of Rights.
C’est au cours de l’époque moderne qu’un rééquilibrage se fait entre le pouvoir du souverain et celui du Parlement.
Les textes protègent les droits des citoyens face à l’arbitrage royal.
Un régime parlementaire
Aujourd’hui, le Royaume-Uni est une monarchie parlementaire qui repose sur la collaboration des pouvoirs exécutifs et législatifs.
Monarchie parlementaire :
Régime politique dans lequel le monarque (rôle exécutif symbolique) nomme un gouvernement (pouvoir exécutif) qui est responsable devant le Parlement (pouvoir législatif).
Le pouvoir politique est basé sur deux entités principales : le Parlement et le gouvernement.
La Chambre des lords participe à l’élaboration des lois, mais elle n’a pas le dernier mot, qui revient à la Chambre des communes, c’est-à-dire aux représentants choisis par le peuple.
La monarchie britannique est un système politique qui repose sur un pouvoir exécutif et législatif fort.
C’est un système démocratique stable qui garantit des libertés et une certaine égalité pour les citoyens.
Dans le régime britannique, les citoyens participent aussi sur des questions publiques. Ils sont ainsi régulièrement consultés sur des questions de société, notamment grâce au référendum.
Les Britanniques ont pu s’exprimer sur la sortie de l’UE en 2016. La réponse a été positive et le pays doit sortir officiellement de l’UE après la négociation des accords de sortie.
Les citoyens écossais ont également été consultés sur l’indépendance de l’Écosse en 2014.
Conclusion :
La démocratie est le fruit d’un long processus.
Né à Athènes qui en devient le berceau souvent idéalisé, le modèle antique de la démocratie connaît son apogée au Ve siècle avant J.-C., grâce à la figure emblématique de Périclès.
Parallèlement, la République romaine se construit sur des bases qui semblent éloignées de celles de la démocratie athénienne. Pour autant, ce modèle permet pour la première fois d’élargir progressivement la citoyenneté qui franchit les frontières strictes de la cité.
À la fin du XVIIe siècle, les valeurs de la démocratie se développent à nouveau. Au Royaume-Uni, la démocratie prend la forme d’une monarchie parlementaire. Les citoyens britanniques participent à la vie citoyenne et politique sous différentes formes.
La démocratie est en constante évolution. Aujourd’hui, dans une période globale d’inquiétudes sociales, environnementales, politiques et économiques, les citoyens font entendre leurs voix pour discuter de la mise en place de procédés favorisant davantage de démocratie.