Exercices Le contexte de la politique coloniale française
Prépare-toi à progresser en Histoire avec ces exercices niveau 1re : "Le contexte de la politique coloniale française". Conçu pour renforcer les notions clés vues en cours, cet entraînement te permet de t’exercer à ton rythme. Idéal pour réviser efficacement et gagner en confiance. À toi de jouer !
Entrainement
Évaluation
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Document : pourquoi coloniser ?
« La forme première de la colonisation, c’est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays qui renferment trop d’habitants. Il y a une autre forme de colonisation : c’est celle qui s’adapte aux peuples qui ont un excédent de produits. La fondation d’une colonie, c’est la création d’un débouché ; or, ce qui manque à notre grande industrie, ce sont les débouchés. Il y a un autre point que je dois également aborder : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures. Enfin, si la France veut rester un grand pays, alors qu’elle porte partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes et son génie. »
Discours devant la Chambre des députés, Jules Ferry, 28 juillet 1885
Quels sont les raisons qui justifient, d’après Jules Ferry, l’expansion coloniale de la France ?
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Introduction du dossier :
La fin du XIXe siècle est caractérisée par la rivalité coloniale entre les pays européens. Ceux-ci et surtout la France et le Royaume-Uni se disputent les territoires encore disponibles, notamment en Afrique. Dans cette course aux colonies africaines, les Français cherchent à relier leurs colonies de l’ouest à Djibouti. Quant aux Britanniques, après avoir occupé l’Égypte, ils souhaitent continuer leur expansion vers leurs possessions du sud de l’Afrique. La crise de Fachoda en 1898 marque l’apogée de la rivalité entre deux impérialismes.
Document 1 : Acte général de la conférence de Berlin de 1885
« Au nom de Dieu Tout-Puissant,
Sa Majesté l’Empereur d’Allemagne, Roi de Prusse, Sa Majesté l’Empereur d’Autriche, Roi de Bohème, etc., et Roi apostolique de Hongrie, Sa Majesté le Roi des Belges, Sa Majesté le Roi de Danemark, Sa Majesté le Roi d’Espagne, le Président des États-Unis d’Amérique, le Président de la République Française, Sa Majesté la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande, Impératrice des Indes, Sa Majesté le Roi d’Italie, Sa Majesté le Roi des Pays-Bas, Grand-Duc de Luxembourg, etc., Sa Majesté le Roi de Portugal et des Algarves, etc., Sa Majesté l’Empereur de toutes les Russies, Sa Majesté le Roi de Suède et Norvège, etc., et Sa Majesté l’Empereur des Ottomans,
Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, et assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains qui se déversent dans l’océan Atlantique ; désireux, d’autre part, de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes de l’Afrique, et préoccupés en même temps des moyens d’accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes, ont résolu, sur l’invitation qui leur a été adressée par le gouvernement impérial d’Allemagne, d’accord avec le Gouvernement de la République Française, de réunir à cette fin une Conférence à Berlin. […]
Chapitre VI
Déclaration relative aux conditions essentielles à remplir pour que des occupations nouvelles sur les côtes du continent africain soient considérées comme effectives
Article 34 – La Puissance qui, dorénavant, prendra possession d’un territoire sur les côtes du Continent africain situé en dehors de ses possessions actuelles, ou qui, n’en ayant pas eu jusque-là, viendrait à en acquérir, et de même la Puissance qui y assumera un protectorat, accompagnera l’acte respectif d’une notification adressée aux autres Puissances signataires du présent Acte, afin de les mettre à même de faire valoir, s’il y a lieu, leurs réclamations. […] »
Acte général de la conférence de Berlin de 1885, 16 février 1885
Document 2 : Les empires coloniaux à la fin du XIXe siècle
Document 3 : La mission Marchand : le récit du médecin de l’expédition
Jules Emily (1866-1944) fut le médecin de la mission Marchand. Il raconte ici les évènements de cette dernière.
« Enfin, le soir du seizième jour, après notre sortie du marais, le 16 juillet 1898, nous abordions le rivage de Fachoda ! Le but après lequel nous courions depuis plus de deux années était atteint.
[…]
Ce pli est adressé à “Monsieur le Commandant de l’Expédition européenne de Fachoda” ! Le capitaine l’ouvre, et, allant à la signature, lit : “Herbert Kitchener, Sirdar.”1 Le doute n’était plus permis, c’étaient bien les Anglais qui arrivaient…
[…]Lettre du Général Marchand au Sirdar H. Kitchener
“Mon Général, J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre honorée en date du 18 septembre 1898.
J’ai appris avec le plus vif plaisir l’occupation d’Omdourman par l’armée anglo-égyptienne, la destruction des bandes du Khalife et la disparition définitive du Madhisme2dans la vallée du Nil. Je serai, sans doute, le premier à présenter mes bien sincères félicitations françaises au général Kitchener, dont le nom incarne, depuis tant d’années la lutte de la civilisation, aujourd’hui victorieuse, contre le fanatisme sauvage des partisans du Madhi. Permettez-moi donc, mon Général, de vous les présenter respectueusement pour vous d’abord, et la vaillante armée que vous commandez. Ce devoir bien agréable rempli, je crois devoir vous informer que, par ordre de mon Gouvernement, j’ai occupé le Bahr-El-Ghazal jusqu’à Mechrâ-el-Rek et au confluent du Bahr-Ei-Djebel, puis le pays chilouk de la rive gauche du Nil jusqu’à Fachoda, où je suis entré le 10 juillet dernier. […]
Je vous présente donc mes souhaits de bienvenue dans le Haut Nil et prend bonne note de votre intention de venir à Fachoda, où je serai heureux de vous saluer au nom de la France.
Signé : Marchand”À 9 heures, les canonnières anglaises apparaissent à l’horizon du Nil, dans le Nord Est… À 10 heures, elles s’engagent dans la passe qui donne accès à notre poste, et peu après, cinq grands bateaux, […] sont embossés3 devant notre pavillon… qu’aucun d’eux n’a salué, d’ailleurs !!!
[…]
“Je suis plus fort que vous, ajoute encore Sir Herbert Kitchener, et si je le voulais, j’aurais vite fait de vous contraindre à respecter et reconnaître les droits de la Sublime Porte4. Mes forces prépondérantes me le permettraient.”
“Mon général, il n’est pas possible que vous teniez un pareil langage, répond à peu près textuellement notre chef ; vous êtes un soldat, comme moi, et vous ne voudrez pas me mettre dans l’alternative, ou de désobéir aux ordres que, comme vous-même, j’ai reçu, ou de me laisser attaquer par vous. Vous savez bien que je respecterais la consigne qui m’a été donnée, et que si vous engagiez cette lutte inégale, mes compagnons et moi-même, nous nous ferions tuer jusqu’au dernier.”
[…] Il faut pourtant arriver à une solution. Il est déjà midi et depuis plus de deux heures, on discute sans parvenir à s’entendre. “Savez-vous que c’est la guerre entre nos deux pays qui peut sortir de votre refus de quitter Fachoda ?” dit encore le généralissime anglo-égyptien. Il n’avait été question, jusqu’alors, que de l’Égypte et de la Turquie, et voici que, tout d’un coup, l’épée de l’Angleterre est jetée dans la balance !
[…]
Le Sirdar informera son gouvernement, et de chaque côté, nous attendrons des ordres sur la conduite à tenir ultérieurement. »Emily J., « La mission Marchand dans le Bahrel-Ghazal et à Fachoda », dans Revue de l'histoire des colonies françaises, tome 19, n. 81, mai-juin 1931. p. 233-260
1. Lord Kitchener (1850-1916) Militaire britannique, il est nommé Sirdar, c’est-à-dire commandant en chef de l’armée d’Égypte en 1892. L’Égypte est officiellement une province de l’Empire ottoman, néanmoins, les Britanniques l’occupent depuis 1882. Kitchener retourne au Soudan en 1896, et reprend Khartoum en 1898.
2. Le mahdisme est un courant de l’Islam. Les croyants attendent l’arrivée du Mahdi, nouvel envoyé de dieu qui doit rétablir la foi et la justice sur Terre. Il annonce également la fin des temps.
3. embosser : Amarrer (un navire) de façon à le maintenir dans une direction déterminée.
4. L’Empire OttomanDocument 4 : Le récit de G. Hanotaux, ministre des Affaires étrangères de 1896 à 1898
« Après quatre ans d’efforts, la plupart des affaires pendantes avec l’Angleterre et qui encombraient, pour ainsi dire, le marché des concurrences coloniales, était réglées ; partout dans le monde, au Siam, en Chine, sur le Mékong, à Madagascar, en Tunisie, à Sierra Leone, à la Côte occidentale, au Niger, la persévérance d’une diplomatie conciliante avait mis fin aux vieux conflits. Le tout s’était fait de bonne grâce et à la satisfaction mutuelle des deux parties. L’expansion coloniale de la France atteignait ses limites. Les grandes rivalités étaient amorties.
Il ne restait plus qu’à boucler sur le Nil et en Égypte.
[…]
Lord Salisbury1 annonça, en ces termes, dans un discours qu’il prononça le 4 novembre, la conclusion de l’affaire : “J’ai reçu, cette après-midi, de l’ambassadeur de France, l’information que le gouvernement français était arrivé à la conclusion que l’occupation de Fachoda n’était d’aucune valeur pour la République française ; et il a fait, ce que, je crois, le gouvernement de tout autre pays aurait fait dans la même position : il a résolu que cette occupation devait cesser.”
[…]
On sait le reste : la décision du gouvernement français de rappeler Marchand, le refus du capitaine de rentrer par le Nil et l’Égypte, l’impossibilité où il était de reprendre le chemin du Bahr-El-Ghazal, sa marche intrépide à travers l’Abyssinie, l’hommage public qui lui fut rendu par l’Europe entière et par l’Angleterre même. Encore une fois, je n’ai pas à raconter la partie la plus glorieuse de ces évènements, c’est-à-dire la mission, mais seulement la partie la plus pénible, la négociation.
La mission Marchand n’avait nullement pour objet, comme on l’a répété, de couper la ligne du Cap au Caire, à supposer même que l’intérêt de cette ligne n’ait pas été singulièrement gonflé et qu’elle doive réussir jamais. Compter sur cette mission avec son faible effectif et ses ressources nécessairement restreintes pour entraver, dans ces régions, les projets de l’Angleterre, du moment où celle-ci se décidait à les soutenir par une armée, eût été une absurdité dont la polémique a triomphé trop facilement. […] Il ne s’agissait pas de cela, mais bien d’obtenir, par une exploration française, pareille à tant d’autres qui se sont produites en Afrique, les éléments d’une négociation et d’assurer finalement, par une entente semblable à celles qui étaient intervenues à la suite de concurrences analogues sur le Niger et au lac Tchad, l’exploitation commune des deux grands réservoirs de richesse africaine, les bassins du Congo et du Nil. Cet avenir a été compromis peut-être : mais il n’est pas perdu. »Gabriel Hanotaux, article de La revue des deux mondes de février, « Fachoda », 1909
1. Lord Salisbury : premier ministre conservateur du Royaume-Uni.
Document 5 : Chronologie des évènements
30 mai 1894
Hanotaux devient le ministre des Affaires Étrangères et Delcassé ministre des Colonies.21 septembre 1896
Kitchener et son armée anglo-égyptienne entrent au Soudan.10 juillet 1898
La colonne française Marchand (5 120 tirailleurs et 8 officiers) atteint Fachoda et renforce les défenses de la place.2 septembre 1898
Kitchener et son armée anglo-égyptienne écrasent les forces mahdistes à Omdurman, à côté de Khartoum.18 septembre 1898
Kitchener et son armée anglo-égyptienne atteignent Fachoda et se retrouvent face à la garnison française.3 novembre 1898
Le capitaine français Marchand reçoit l’ordre d’évacuer sa position de Fachoda.Document 6 : L’entente cordiale
Carte de vœux de l'exposition franco-britannique à Londres, 1908, Cooper Hewitt, Musée du design Smithsonian, New York
QUESTION
Rappelez les enjeux de la conférence de Berlin de 1884-1885 et présentez le contexte international dans les années 1890. (doc. 1 et 2)