Les transformations historiques de l'ego

Freud et l’hypothèse de l’inconscient

  • Freud a remis en cause l’idée de la stabilité du moi en imposant le concept de l’inconscient : pour lui, l’inconscient est une force pulsionnelle qui agit en nous à notre insu et se manifeste par des actes manqués :
  • Le lapsus ;
  • Les rêves ;
  • Les symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels.
  • Pour Freud, toute manifestation de l’inconscient serait le résultat d’une pulsion sexuelle autocensurée et refoulée.
  • Le moi n’aurait pas le contrôle de la finalité de ses pulsions : « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison » comme l’écrit Freud.
  • Freud considère que l’appareil psychique de l’être humain est composé de trois instances :
  • le « ça » qui est le pôle de nos pulsions primaires ;
  • le « moi », la part de notre intériorité dont nous avons conscience ;
  • le « surmoi », instance morale qui censure nos pulsions.
  • L’inconscient se manifeste ainsi à la suite du conflit entre le « ça » et le « surmoi ».
  • À noter que si nous agissons sous l’effet de pulsions qui nous dominent alors nous ne sommes pas libres
  • Dans Introduction à la psychanalyse, Freud précise que trois penseurs, dans l’histoire de la culture, ont infligé à l’être humain une « blessure narcissique » :
  • Copernic pour qui la terre – et donc l’être&nsbp;humain – n’est plus le centre de l’univers ;
  • Darwin pour sa théorie de l’évolution ;
  • et lui-même pour qui l’inconscient est une remise en cause de la liberté.

Le problème du regard de l’autre posé sur moi

  • Selon Sartre, que nous soyons vus ou non par autrui, notre moi n’est pas le même.
  • Sous le regard de l’autre je perds ma liberté, je ne suis plus moi-même et je ne suis même plus un moi. Pour Sartre, le regard de l’autre me « choséifie ». Autrui me voit objectivement, ce que je suis incapable de faire. Sous le regard d’autrui, le moi est transformé en objet.
  • Dans le rapport à autrui, je suis pour autrui ce que l’objet est pour moi : chose regardée. Je deviens un objet du monde, ce qui rend floue ma perception du monde, dans lequel je suis à la fois sujet et objet.
  • La présence hostile d’autrui devient « présence immédiate et brûlante » qui produit à la fois mon embarras et mon agacement.
  • Cette présence est dite « Transmondaine »
  • D’après Sartre : « J’ai un dehors, j’ai une nature ». Tout comme n’importe quel objet j’ai un « dehors » et un usage bien défini.
  • Pour Sartre « Ma chute originelle, c’est l’existence de l’autre ». L’autre étant devant moi, je ne suis plus moi-même et je tombe dans le piège de son regard. Ma liberté m’est alors étrangère.
  • « J’ai honte de moi devant autrui », écrit Sartre. C’est le regard d’autrui qui fait naître ma honte.
  • La honte est la« reconnaissance de ce que je suis bien cet objet qu’autrui regarde et juge ».

L’anarchisme individualiste de Stirner

  • L’anarchisme préconise l’absence de toute hiérarchie et de toute autorité : « Ni dieu ni maître ».
  • Selon Stirner, l’État asphyxie le moi et le prive de liberté.
  • L’anarchisme repose sur le refus du principe de domination dans toute organisation sociale. Sa mise en œuvre ne va pas sans l’abolition de la possession des biens individuels et privés.
  • Dans L’Unique et sa propriété, Stirner considère que l’état de guerre est déclaré entre moi et l’État : les deux sont des puissances ennemies.
  • Le moi individuel ne peut s’assumer s’il croit en l’État. « Tout État est despotique. ».
  • Ainsi, pour Stirner, les républiques et les démocraties seraient despotiques.
  • Il affirme que les démocraties ont le tort de ne pas considérer que les avis et les engagements peuvent changer.
  • Le contrat social est une ruse du pouvoir et il ne vaut mieux pas s’y fier. Il ne faudrait se fier qu’à soi et ne pas se lier aux autres.
  • Stirner développe une philosophie du moi apolitique. Il s’agit de reprendre possession de ses propres pouvoirs et de mettre de côté toute puissance et toutes influences extérieures au moi :« Pour Moi, il n’y a plus rien au-dessus de Moi. ».
  • Au nom du Moi, Stirner s’oppose à toute philosophie politique qui affirme la nécessité de l’État.
  • Toute valeur démocratique prétendant améliorer et protéger l’être humain n’est qu’illusion.