Déjà plus de
1 million
d'inscrits !
La comédie au XVIIIe siècle
Déjà plus de
1 million
d'inscrits !
Avant de commencer, regarde les vidéos suivantes
Introduction :
La comédie au XVIIIe siècle cherche une voie nouvelle. Molière, véritable génie du comique du XVIIe siècle, semble avoir épuisé tous les ressorts de la comédie. Son empreinte marque encore le siècle suivant puisque ses pièces sont toujours jouées et remportent un franc succès.
La comédie s’inspire désormais du théâtre à l’italienne. Les décors se font de plus en plus précis et les comédiens optent pour un jeu plus spontané. Cette nouvelle forme de théâtre triomphe. Les spectateurs aiment l’illusion ainsi créée et ont l’impression que la scène est comme une pièce dont on aurait ôté le quatrième mur situé entre la scène et le spectateur. L’esprit des Lumières imprègne également ce siècle et apporte une véritable profondeur aux textes mais aussi un vent de subversion.
Les « Lumières » est un mouvement philosophique, culturel et littéraire en Europe au XVIIIe siècle. En France, des philosophes comme Voltaire et Diderot luttent contre la toute-puissance de la religion, les injustices et l’ignorance. Ils prônent un renouvellement du savoir, de la morale et de l’esthétique.
Nous allons voir dans un premier temps quels ont été les auteurs majeurs du théâtre comique durant le XVIIIe siècle. Nous nous pencherons ensuite sur les différents genres comiques et enfin, nous expliquerons les ressorts comiques qui font la comédie.
Les auteurs majeurs du théâtre comique au XVIIIe siècle
Dans le sillon de Molière, Lesage s’illustre dans la comédie de mœurs au début du siècle. Sa pièce Turcaret, interdite jusqu’en 1709, est une véritable satire des milieux financiers.
Comédie de mœurs :
Largement employée par Molière, elle dénonce les travers de la société, d’une époque ou d’une classe sociale.
Satire :
Son but est de critiquer ou de dénoncer les vices et travers de la société ou de ses contemporains.
Voici un court extrait de Turcaret (scène 11 de l’acte III), représentatif du ton ironique de la pièce :
« LISETTE :
Je m’ennuie d’être soubrette.
FRONTIN :
Comment, diable ! tu deviens ambitieuse ?
LISETTE :
Oui, mon enfant. Il faut que l’air que l’on respire dans une maison fréquentée par un financier soit contraire à la modestie ; car depuis le peu de temps que j’y suis, il me vient des idées de grandeur que je n’ai jamais eues. Hâte-toi d’amasser du bien ; autrement, quelque engagement que nous ayons ensemble, le premier riche faquin qui viendra pour m’épouser…
FRONTIN :
Mais donne-moi donc le temps de m’enrichir.
LISETTE :
Je te donne trois ans : c’est assez pour un homme d’esprit. »
Lisette, en présence de son amant (celui qu’elle aime et dont elle est aimée), tient en effet un discours contraire au discours amoureux. Elle avoue sans honte être attirée par l’argent et menace même de le quitter s’il ne gagne pas vite de quoi lui offrir une autre vie. Elle suggère qui plus est que le fait de vivre avec un financier serait comme contagieux et lui donnerait des envies irrépressibles d’argent.
Marivaux, dans un style tout à fait à part, propose, lui, un théâtre comique mais capable de profondeur en s’inspirant de la commedia dell’arte.
Commedia dell’arte :
Il s’agit d’un genre de théâtre apparu au XVIe siècle en Italie, qui mêle comique de geste et improvisation. Les comédiens sont de véritables professionnels, capables d’improviser à partir de synopsis préconçus. Ils sont masqués et incarnent des personnages récurrents comme les fameux Arlequin et Colombine.
Marivaux explore les sentiments humains et son style si particulier, alliant légèreté et gravité, est resté dans le langage courant sous le terme de « marivaudage ».
La pièce du Jeu de l’Amour et du Hasard est par exemple bien représentative du théâtre de cet auteur et de la comédie du XVIIIe siècle.
Beaumarchais, à la fin de ce siècle, renoue avec la tradition comique avec Le Barbier de Séville en 1775 puis Le Mariage de Figaro en 1784. Ces pièces, bien qu’elles connaissent un immense succès, se heurtent à la censure, tant ses critiques contre la société et l’aristocratie sont virulentes.
Voici un court extrait du monologue de Figaro dans la scène 3 de l’acte V du Mariage de Figaro, qui est le monologue le plus long de tout le théâtre français. L’auteur place avec ironie, dans la bouche de Figaro, ses propres critiques contre la censure :
« On me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle, en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »
Monologue :
Au théâtre, on parle de monologue quand un personnage se retrouve seul sur scène pour une longue réplique. Aucun autre personnage ne parle durant cette scène.
Il ne faut pas confondre monologue et tirade. La tirade est également une longue réplique mais le personnage n’est pas seul sur la scène. D’autres personnages peuvent intervenir ensuite.
Ironie :
C’est une forme d’humour consistant à faire entendre le contraire de ce que l’on dit afin de critiquer ou de se moquer.
L’énumération des restrictions imposées par la censure vient annuler la phrase « je puis tout imprimer librement ». Elle est d’ailleurs amplifiée par la répétition de la conjonction « ni ».
Énumération :
Figure de style consistant à répéter des termes et donnant ainsi un effet de liste.
Les genres comiques
Il existe différents types de comédies.
Les procédés comiques
Les pièces mêlent souvent divers procédés comiques. C’est celui qui domine qui permet de classer une pièce dans telle ou telle catégorie de comédie.
Quiproquo :
Il s’agit d’un procédé comique qui consiste à créer un malentendu entre deux personnages.
Dans Le Mariage de Figaro, à la scène 15 de l’acte III, le procès tourne au ridicule par la répétition excessive des conjonctions « et » et « ou », mais aussi par le bégaiement de Brid’oison :
« BRID’OISON, à Figaro :
Qu’oppo… qu’oppo-osez-vous à cette lecture ?
FIGARO :
Qu’il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce, car il n’est pas dit dans l’écrit : laquelle somme je lui rendrai, ET je l’épouserai, mais : laquelle somme je lui rendrai, OU je l’épouserai ; ce qui est bien différent.
LE COMTE :
Y a-t-il et dans l’acte ; ou bien ou ?
BARTHOLO :
Il y a et.
FIGARO :
Il y a ou.
BRID’OISON :
Dou-ouble-Main, lisez vous-même. »
« BARTHOLO :
Quel papier tenez-vous là ?
ROSINE :
Ce sont des couplets de La Précaution inutile, que mon maître à chanter m’a donnés hier.
BARTHOLO :
Qu’est-ce que La Précaution inutile ?
ROSINE :
C’est une comédie nouvelle.
BARTHOLO :
Quelque drame encore ! quelque sottise d’un nouveau genre !
ROSINE :
Je n’en sais rien. »
Conclusion :
La comédie au XVIIIe siècle s’appuie sur les fondations solides d’une longue tradition du comique à la française. Cependant, elle puise aussi son inspiration en Europe, notamment chez les Italiens. Comme Molière en son temps, les auteurs comiques du XVIIIe siècle cherchent à éveiller les consciences, à faire réfléchir les spectateurs. Le théâtre agit alors comme un miroir de la société.