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La France et la construction de nouveaux États par la guerre et la diplomatie
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Introduction :
Le Second Empire désigne la période durant laquelle la France fut dirigée par Napoléon III. Il s’étend de 1852 à 1870, et voit la France participer à la construction de nouveaux États européens. En effet, Napoléon III reprend à son compte une politique étrangère, la politique des nationalités, initiée par son oncle Napoléon Ier. Ce dernier avait pris le titre de roi d’Italie en 1802 alors que la Révolution française avait proclamé le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
C’est à partir de cette politique des nationalités que nous étudierons le rôle du Second Empire dans la construction des unités italienne et allemande.
Pour cela, nous verrons dans un premier temps le déroulement de l’unification italienne, en abordant la politique des nationalités de Napoléon, la diplomatie française et la guerre d’Italie. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux débuts de l’unité allemande, à la guerre franco-prussienne et à ses conséquences directes.
La France et l’unité italienne
La politique des nationalités de Napoléon III
Politique des nationalités :
Expression employée pour caractériser l’action diplomatique de la France en Europe sous Napoléon III. La politique des nationalités encourage partiellement les mouvements unitaires nationaux, tant que ceux-ci ne portent pas préjudice à la France.
L’objectif de cette politique est de réformer l’Europe afin de lui épargner de nouvelles révolutions, mais aussi de mettre en place un nouvel ordre européen au profit de la France, en remplaçant l’ordre monarchique issu du Congrès de Vienne.
Il ne s’agit pas de systématiser le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais plutôt de favoriser des regroupements sur le modèle de la Confédération germanique, pour ne pas recréer de nouveaux États trop puissants aux portes de la France. C’est le cas de l’Italie.
Confédération germanique :
Union politique qui regroupa les États allemands au sein d’une confédération entre 1815 et 1866. La confédération était placée sous la présidence honorifique de l’Autriche.
En 1849, la France avait envoyé le général Nicolas Oudinot à Rome pour aider le pape Pie IX, chassé de son siège et de ses États par la révolution italienne. Dans l’esprit des Français, l’unité italienne ne pouvait pas se faire sans le pape.
Napoléon III, qui avait sans doute été, dans sa jeunesse, membre des Carbonari, est favorable au mouvement qui souhaite l’unité de l’Italie, mais il veut que le Pape et ses États restent indépendants.
Carbonari :
Société secrète, d’inspiration libérale, qui a contribué aux débuts du Risorgimento (période d’unification italienne) et a œuvré en faveur de l’unité italienne.
La diplomatie française dans la perspective de l’unité italienne
Malgré l’échec du mouvement unitaire italien en 1849, le royaume de Piémont-Sardaigne cherche toujours à unifier le nord de la péninsule. Lors de la Conférence de Paris en janvier 1855, le royaume se rapproche de la France et expose ses ambitions.
Conférence de Paris (1856) :
Congrès réuni à l’issue de la guerre de Crimée qui a permis à Napoléon III d’apparaître comme l’arbitre de l’Europe.
L’attentat du 14 janvier 1858 de Felice Orsini (l’un des fondateurs de la république romaine de 1849) contre Napoléon III semble cependant porter un coup à cette alliance franco-piémontaise.
Mais c’est sans compter sur la lettre d’Orsini à Napoléon III, la veille de son exécution, qui retourne la situation. Orsini y déclare : « Délivrez l’Italie et les bénédictions de 25 millions d’Italiens vous accompagneront. »
Cette lettre est rendue publique dans Le Moniteur (journal diffusant l’actualité juridique et les principales informations du régime durant le Second Empire) et Napoléon III se rallie à la cause unitaire italienne.
République romaine de 1849 :
République fondée à Rome par Giuseppe Mazzini le 9 février 1849, en proclamant la déchéance du pouvoir du pape sur ses territoires. Le pape demande alors l’aide française qu’il obtient. Après le siège de Rome par les troupes du général Nicolas Oudinot, le pape est restauré dans ses États.
Le comte de Cavour, premier ministre du royaume de Piémont-Sardaigne, rencontre alors secrètement Napoléon III à Plombières-Les-Bains (dans les Vosges) le 21 juillet 1858.
La décision d’une alliance militaire contre l’Empire autrichien est actée. Elle doit permettre au royaume de Piémont-Sardaigne de chasser les Autrichiens du nord de l’Italie afin de réaliser l’unité. En échange, la France doit recevoir les comtés de Savoie et de Nice.
La guerre d’Italie et les débuts de l’unité italienne
Face à la mobilisation de l’armée piémontaise, l’Autriche lui déclare la guerre le 27 avril 1859. L’armée française rejoint alors les Piémontais et remporte deux batailles, à Magenta (le 4 juin) et Solferino (le 24 juin).
L’Autriche décide alors de négocier avec la France un armistice signé à Villafranca. L’Autriche évacue la Lombardie qui revient aux Piémontais, mais elle conserve la Vénétie.
Le mouvement unitaire, encouragé par Cavour, gagne les principautés italiennes du nord. Celles-ci réclament leur rattachement au royaume de Piémont-Sardaigne, tandis que Giuseppe Garibaldi lance une expédition dans le royaume des Deux-Siciles.
L’unité italienne est donc en partie réalisée le 17 mars 1861 lorsque le royaume d’Italie est proclamé.
Comme prévu, la France récupère le comté de Nice et le duché de Savoie, après approbation par la population au travers de deux plébiscites, acceptés à plus de 99 %. La France s’agrandit de trois départements et gagne 669 000 habitants.
Cependant, l’opinion publique allemande s’élève contre la France et ses ingérences.
Plébiscite :
Consultation du peuple appelé à se prononcer sur une question par « oui » ou par « non ». On distingue le plébiscite du référendum : le premier est utilisé comme outil de légitimation dans le cadre d’un régime autoritaire, tandis que le second est organisé dans le cadre d’une démocratie.
La France et l’unité allemande
Les débuts de l’unité allemande
Les États allemands forment depuis 1815 une Confédération germanique au sein de laquelle la Prusse et l’Autriche dominent. Une union douanière existe également (Zollverein) entre la plupart des États allemands.
Lors de la guerre d’Italie (en 1859), l’opinion publique allemande est une première fois montée contre la France, et la Prusse commence à mobiliser son armée face aux ambitions françaises en Europe.
En septembre 1862, Otto von Bismarck devient ministre-président de la Prusse. Il a pour projet de réaliser l’unité allemande « par le fer et par le sang », contre l’Autriche dans un premier temps.
Petite Allemagne :
Période de l’unité allemande durant laquelle l’unité est incomplète et ne comprend que la Prusse et les petits États du nord de l’Allemagne.
La diplomatie et la marche à la guerre
En 1867, la Prusse refuse la demande française au sujet du Luxembourg, au nom de la « terre allemande » (expression employée par Bismarck pour désigner des territoires qui se rattachent selon lui à la nation allemande). C’est aussi au nom de cette conception de la nation que Bismarck cherche à terminer l’unité de l’Allemagne. Il lui faut pour cela réunir les États allemands du sud, dans une guerre commune contre la France.
Dans ce contexte, la guerre se prépare. La France modernise son armée et en augmente les effectifs. Cependant, l’opinion publique française ne suit pas. Sur la scène européenne, la France est isolée.
La guerre éclate à la suite de l’affaire de la succession au trône du roi d’Espagne (1868). La Prusse et la France présentent deux candidats.
La candidature prussienne doit être retirée, mais Napoléon III demande des garanties. Bismarck décide de publier la demande française dans les journaux en la modifiant, excitant ainsi le sentiment anti-français, et ralliant les États du sud de l’Allemagne à la Prusse.
Corps législatif :
Assemblée votant les lois sous le Second Empire, mais ne pouvant pas les proposer.
La guerre franco-prussienne et ses conséquences directes
La guerre débute le 2 août 1870 et plus de 600 000 soldats sont mobilisés. Napoléon III prend personnellement la tête de l’armée, laissant la régence (le pouvoir) à l’impératrice Eugénie. La France gagne quelques batailles, comme Sarrebruck le 2 août. Pourtant rapidement, l’armée française est encerclée à Metz.
Le 2 septembre, Napoléon III est assiégé dans la forteresse de Sedan et décide de capituler. Le choc de la défaite entraîne le 4 septembre la création d’un gouvernement de défense nationale acclamé à l’hôtel de ville de Paris. Ce gouvernement est chargé de proclamer la République et de poursuivre la guerre à outrance (guerre réalisée avec la totalité des moyens disponibles et sans concessions).
Rapidement, 34 départements français sont occupés et Paris assiégé.
La guerre se poursuit, et des volontaires italiens se joignent aux Français, à l’image de Giuseppe Garibaldi.
Malgré ses efforts, le nouveau gouvernement doit signer l’armistice le 23 janvier 1871, tandis que Guillaume Ier est proclamé Empereur d’Allemagne dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871.
Le traité de paix est signé ensuite à Francfort le 10 mai 1871, après que les élections législatives ont eu lieu en février 1871 en France, amenant un gouvernement légal et légitime.
Le traité de Francfort consacre la perte de l’Alsace et de la Moselle pour la France au profit du nouvel Empire allemand.
Conclusion :
Avec la politique des nationalités, Napoléon III souhaite favoriser l’unification nationale tant que celle-ci ne se fait pas aux dépens de la France. Ainsi, le Second Empire participe à construire certaines nations. Auparavant divisée en plusieurs États, le royaume d’Italie est proclamé le 17 mars 1861. L’unification est rendue possible par le soutien de Napoléon III, qui signe une alliance militaire avec le royaume de Piémont-Sardaigne. L’Autriche est défaite et la France récupère trois départements. Par ailleurs, à la fin de la guerre franco-prussienne, Guillaume Ier est proclamé Empereur : l’Allemagne est unifiée.