La science en question

La science-fiction

  • La science-fiction se développe considérablement au XXe siècle. Elle constitue un genre littéraire de l’imaginaire ayant pour objet une préoccupation très sérieuse et rationnelle : la science et ses effets sur l’humanité.
  • La Planète des singes, écrit par Pierre Boulle, pose la question de savoir s’il existe des êtres humains et des animaux ailleurs que dans notre galaxie.
  • L’hypothèse scientifique du livre tourne autour de deux théories :
  • celle de Darwin sur l’évolution des espèces vivantes (évolutionnisme), qui explique qu’une espèce vivante n’existe pas de façon figée mais est amenée à se transformer ;
  • celle d’Einstein sur la relativité généralisée, qui montre que pour un objet, le temps qui passe est proportionnel à la vitesse de son déplacement.
  • Le roman fait apparaître une critique de la science et de ses théories : l’évolution et la transformation des espèces peut se faire dans un sens que l’on n’attendait pas.
  • L’un des thèmes forts de la science-fiction est le résultat du retournement contre l’être humain de tout ce que ce dernier soumet à son pouvoir et à ses intérêts.

La critique sociale de la science

  • Pour Feyerabend, la science nuit plus qu’elle ne rend service à cause de son dogmatisme méthodologique. Dans Contre la méthode, Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance (1975), il nie l’existence de règles méthodologiques universelles en expliquant que la science se développe et progresse grâce à des phases de désordre, de rupture.
  • C’est le point central de sa pensée : la science est par essence anarchiste, et si elle ne l’est plus, il faut qu’elle le redevienne.
  • Pour lui, cet anarchisme doit être humanitaire et non pas servir les éléments politiques et sociaux de l’être humain, à savoir la loi et l’ordre.
  • Il recommande une séparation du pouvoir de l’État et de la science pour diminuer la puissance socio-politique de la science et d’éviter ses dérives totalitarisme.
  • L’anarchisme scientifique consiste à rendre la science indépendantedes intérêts politiques.

L’exemple des géométries non-euclidiennes

  • La critique est aussi un moteur interne à la démarche scientifique : la science progresse en remettant en cause ses propres acquis.
  • Gaston Bachelard analyse l’opposition entre géométrie euclidienne et géométries non euclidiennes dans Le Nouvel esprit scientifique.
  • Les géométries non-euclidiennes sont définies comme des géométries ayant initialement voulu démontrer le postulat des parallèles d’Euclide.
  • Cela étant difficilement démontrable directement, des mathématiciens ont eu l’idée de le démontrer indirectement par un raisonnement de type : si $A$ est vrai alors le contraire de $A$ est faux.
  • En voulant démontrer que ces nouveaux postulats étaient faux, il a finalement été démontré qu’ils pouvaient être vrais à condition de changer de type d’espace.
  • L’espace euclidien est un espace plan à deux dimensions. Dans ce contexte le postulat des parallèles est vrai, mais dans un espace tridimensionnel, il est remis en cause.
  • Lobatchevski le remet en cause avec son espace hyperbolique.
  • Remiann, lui, apporte un autre postulat avec son espace elliptique.
  • Ainsi, un type d’espace rend possible un postulat et un autre type d’espace rend possible le postulat inverse.
  • Bachelard pose alors la question de savoir si la pertinence des nouvelles géométries doit mener à l’abandon de toute référence euclidienne.
  • Il ne s’agit pas de forcer les nouvelles connaissances à s’intégrer dans le cadre logique des anciennes connaissances mais de concevoir « une extension véritable » des cadres dans lesquels une géométrie peut se faire. L’ancienne pensée n’est pas mise de côté : elle devient nouvelle, enrichie et augmentée. C’est le principe de l’extension du cadre du raisonnement en géométrie.
  • Ainsi, la nouveauté en science n’est pas celle d’une découverte mais celle d’une méthode qui amène à redécouvrir un fait.