Semaine 3 - Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Définitions et notions clés
Définitions et notions clés
- Théâtre : genre littéraire fondé sur le dialogue, destiné à être joué devant un public.
- Dramaturgie : ensemble des techniques utilisées pour écrire et organiser une pièce.
- Illusion théâtrale : effet par lequel le spectateur accepte de croire à la fiction.
- Tropisme : Dans le langage, mouvements instinctifs, subtils, qui nous échappent, mais qui disent quelque chose de ce qui se passe à l’intérieur de nous-mêmes et qu’il n’est pas possible de contrôler.
Problématique commune
Problématique commune
Comment le théâtre, de Corneille à Sarraute, met-il en scène les relations humaines à travers le langage, le mensonge, ou l’amour, entre illusion et vérité ?
Trois œuvres, trois époques, trois enjeux
Trois œuvres, trois époques, trois enjeux
- Le Menteur, Pierre Corneille, XVIe siècle
Parcours associé : mensonge et comédie
Enjeu principal : le pouvoir du mensonge dans une société codifiée
- On ne badine pas avec l’amour, Alfred de Musset, XIXe siècle
Parcours associé : les jeux du cœur et de la parole
Enjeu principal : l’amour comme passion dangereuse, entre jeu et tragédie
- Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute, XXe siècle
Parcours associé : théâtre et dispute
Enjeu principal : la parole comme arme ou comme piège relationnel
Analyse croisée des enjeux
Analyse croisée des enjeux
- Le théâtre comme art de l’illusion
- Chez Corneille, le mensonge est un jeu social (Dorante ment pour séduire et briller), mais il est aussi un miroir du théâtre lui-même : « mentir avec art » devient une forme d’intelligence.
- Chez Musset, le badinage amoureux masque les vrais sentiments : le langage empêche l’amour sincère de s’exprimer, jusqu’à une tragédie finale.
- Chez Sarraute, c’est le langage ordinaire qui devient suspect : derrière des phrases simples se cachent tensions, jalousies, sous-entendus.
- Le langage, entre masque et révélateur
- Le langage est artificiel chez Corneille : précieux, élégant, codifié pour plaire et séduire.
- Chez Musset, il devient involontairement destructeur : les jeux de mots, les silences, les revirements empêchent la vérité de l’amour.
- Chez Sarraute, il est le sujet même de la pièce : les mots les plus banals peuvent déclencher une rupture irrémédiable.
- Comédie, drame et tragédie : des genres qui se mélangent
- Corneille raffine la comédie pour la rendre noble : la farce est transformée en réflexion morale et sociale.
- Musset invente le drame romantique : mélange d’humour, de poésie et de tragique (mort de Rosette).
- Sarraute joue sur le minimalisme dramatique : tout se passe dans les silences, dans les tensions invisibles.
Focus sur chaque œuvre
Focus sur chaque œuvre
Le Menteur – Pierre Corneille – 1644
Le Menteur – Pierre Corneille – 1644
- Comédie classique, héritière du baroque et de la commedia dell’arte.
- Personnage central : Dorante, un menteur élégant, intelligent, mais piégé par ses propres récits.
- Comique de situation (quiproquos), de mots, de gestes, mais aussi question morale : peut-on élever le mensonge au rang d’art ?
- Corneille joue avec la théâtralité du mensonge.
- Extrait clé : « Il y faut promptitude, esprit, mémoire, soins, / Ne se brouiller jamais, et rougir encor moins. » → Le mensonge demande du talent : c’est un art rhétorique.
On ne badine pas avec l’amour – Alfred de Musset – 1834
On ne badine pas avec l’amour – Alfred de Musset – 1834
- Drame romantique : badinage léger et gravité tragique.
- Perdican et Camille ne savent pas se parler sincèrement.
- La parole amoureuse est piégée par l’orgueil, la jalousie, la peur de souffrir.
- La pièce oscille entre humour, et drame sentimental, jusqu’à la mort de Rosette.
- Scène emblématique, la tirade de Perdican sur la souffrance en amour : « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. » $\rightarrow$ Musset défend un amour vrai, même s’il fait mal, contre les discours trop purs ou trop prudents.
Pour un oui ou pour un non – Nathalie Sarraute – 1982
Pour un oui ou pour un non – Nathalie Sarraute – 1982
- Théâtre contemporain minimaliste, fondé sur le logodrame : le conflit vient du langage lui-même.
- Une dispute naît d’une incompréhension : « C’est bien… ça… »
- Le langage est ambigu : ce n’est pas ce qu’on dit, mais comment on le dit qui crée la rupture.
- Sarraute analyse la sous-conversation, ce qui se cache dans les silences, les interruptions, les intonations.
- Conclusion glaçante : « C’est un combat sans merci. Une lutte à mort. […] Deux soldats de deux camps ennemis. » $\rightarrow$ L’amitié vole en éclats à cause d’un malentendu langagier, révélateur de différences profondes.
Procédés dramatiques (structure et action)
Procédés dramatiques (structure et action)
- Quiproquo : malentendu basé sur une confusion entre deux personnes ou situations
- Source de comique (Corneille), ou de tension dramatique (Musset)
- Didascalies : indications de mise en scène données par l’auteur
- Peu nombreuses chez Sarraute : l’oral prime sur le visuel
- Tirade : longue réplique d’un personnage
- Pour exposer un raisonnement ou un sentiment (tirade de Perdican)
- Stichomythie : échange rapide de répliques courtes
- Accentue le conflit ou le rythme (souvent chez Sarraute)
- Double énonciation : le personnage s’adresse à un autre personnage mais aussi au public
- Renforce les effets d’ironie ou de complicité
- Ironie : dire le contraire de ce que l’on pense
- Présente dans les dialogues de Camille ou Dorante
- Aposiopèse : interruption volontaire du discours
- Très fréquente chez Sarraute pour marquer l’émotion
- Épanorthose : correction ou reformulation d’une idée
- Utilisée par H2 pour nuancer son ressenti
- Antithèse : opposition entre deux idées
- Amour idéal / amour humain (Musset), sincérité / jeu (Corneille)
Spécificités des trois auteurs
Spécificités des trois auteurs
Auteur | Style / Procédé-clé | Finalité |
Corneille | Comique de situation, éloquence, jeu théâtral | texFaire rire tout en faisant réfléchirte |
Musset | Mélange des registres (lyrique, tragique, comique), contrastes | Montrer la complexité des sentiments |
Sarraute | Langage comme tension, silences, tropismes | Explorer l’inconscient à travers les mots |
À retenir pour l’oral ou l’écrit
À retenir pour l’oral ou l’écrit
- Ces trois œuvres montrent comment le théâtre est un espace de mise à l’épreuve du langage :
- on ment pour briller (Corneille) ;
- on se cache pour ne pas souffrir (Musset) ;
- on parle sans dire et on se détruit (Sarraute).
- Le théâtre devient miroir de la société : il interroge les codes amoureux, sociaux, amicaux.
- Tous trois nous interrogent sur ce que signifie dire la vérité au théâtre… et dans la vie.
- Le théâtre n’est pas seulement une histoire : c’est un langage en action. Chaque mot, chaque silence, chaque rythme construit du sens.
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