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1918-1946 un espace entre influences étrangères et indépendance
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Introduction :
Nous allons nous intéresser à une région qui est au centre de la géopolitique mondiale depuis des décennies : le Proche-Orient et le Moyen-Orient (les appellations varient). Nous débuterons ce cours par quelques définitions importantes et des rappels historiques et géographiques. Puis nous étudierons les modalités du démantèlement de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, pour enfin nous intéresser aux premières indépendances et à la diversité ethnique, religieuse et culturelle de la région.
Définitions et rappels
Géopolitique :
La géopolitique est l’étude des espaces géographiques à travers l’outil de l’analyse politique. Sur tous les espaces de la Terre, il existe des enjeux, des rivalités, des conflits entre différents acteurs. Ces enjeux peuvent être très divers : politiques, économiques, religieux, culturels ou environnementaux.
Conflit :
La notion de conflit dans son sens le plus simple signifie des heurts, des violences pouvant aller jusqu’à un conflit ouvert et déclaré : on parle alors de guerre. Les conflits peuvent être entre États, ou à l’intérieur même d’un État, ce qui constitue dans ce cas une guerre civile.
Attention, il existe aussi des conflits plus diffus comme le terrorisme, la guérilla ou la piraterie.
Conflit asymétrique :
À l’inverse d’un conflit conventionnel (qui oppose deux États, par exemple), un conflit asymétrique est un conflit qui oppose un État avec une armée conventionnelle structurée à des mouvements terroristes diffus ou à des guérillas tout aussi diffuses, non structurées et donc parfois peu identifiables.
Carte du Proche et Moyen-Orient
Les appellations « Proche » ou « Moyen » Orient dépendent également des pays : en France, on emploie plus souvent le terme de Proche-Orient, aux États-Unis celui de Moyen-Orient.
La fin de l’Empire ottoman
La Première Guerre mondiale et ses conséquences déstabilisent fortement le Proche et le Moyen-Orient. Principale puissance de la région, l’Empire ottoman perd la guerre aux côtés de l’Allemagne en 1918 et il est démantelé par les vainqueurs.
L’Empire ottoman n’était pas uniforme mais plutôt composé d’une mosaïque de peuples divers et variés. Les Ottomans étaient à l’origine des Turcs venus d’Asie. Au fil des conquêtes et alliances, lorsqu’ils ont formé un empire, ils ont intégré des Arabes (chrétiens ou musulmans), des Perses, des Juifs, etc.
L’Empire n’était pas fermé aux influences extérieures : les puissances européennes avaient déjà de l’influence dans cet espace avant le conflit.
En 1916, la France et le Royaume-Uni signent les accords secrets de Sykes-Picot pour se partager l’espace d’un Empire ottoman qu’ils savaient vaincu et dont ils souhaitaient redessiner les frontières.
Carte des accords de Sykes-Picot
La zone sous contrôle français, en violet, comprend l’actuel Liban, et en violet clair la zone d’influence de la France, qui couvre le nord de la Syrie actuelle et de l’Iraq.
En 1917, les Anglais affirment, par la déclaration Balfour (du nom du ministre des Affaires étrangères britanniques), qu’ils sont favorables à la création d’un foyer national juif sur la terre de Palestine. À la fin du conflit en 1918, la France et le Royaume Uni sont présents militairement dans cette région afin de préparer le partage.
À l’issue de la guerre, l’Empire ottoman est finalement démantelé par le traité de paix de Sèvres de 1920.
Mandat :
Un mandat est une mission donnée à un pays par la SDN pour administrer et accompagner des territoires soumis par un empire, vers l’indépendance, c’est une forme de tutorat.
Le traité de Sèvres redécoupe entièrement cette région.
Pour les puissances occidentales, l’enjeu est important. Il s’agit d’abord de s’assurer l’accès aux immenses ressources de la région.
Indépendances et diversités
Dans cette région, les Arabes de l’ancien Empire ottoman créent une nouvelle forme de nationalisme, qui vise à les unir. De nombreuses voix s’élèvent pour demander l’union des peuples de langue et de civilisation arabe : c’est le panarabisme.
Mais cette vision n’est pas unique, et les peuples arabes sont divisés entre ceux qui sont pour un panarabisme, ceux qui veulent créer des royaumes, et ceux qui cherchent une solution intermédiaire.
Le Proche-Orient est donc formé d’une mosaïque de peuples, dont les Arabes ne sont qu’une partie.
De plus la jeune Turquie de Mustapha Kemal, qui a obtenu son indépendance en 1923, est bâtie sur le modèle d’une république laïque et sur l’idée d’État-nation, notion peu connue dans la région.
Dans la lignée de la Turquie, d’autres nations vont obtenir leur indépendance. Les Anglais accordent ainsi l’indépendance à l’Égypte dès 1922, et à l’Iraq en 1932.
Le Liban devra attendre 1943 et la Syrie 1946, pour que les Français retirent leur tutelle et permettent à ces pays de devenir indépendants.
Si l’on rajoute à la multiplicité des cultures et des langues, la superposition des religions, on constate que la religion musulmane est largement majoritaire, mais qu’elle est scindée en plusieurs groupes, parmi lesquels :
L’islamisme est d’ailleurs déjà présent à cette époque.
L’islamisme est une idéologie basée sur la charia, la loi coranique, vue comme étant la seule loi véritable, en opposition à l’Occident, vu comme colonisateur et décadent.
À la majorité musulmane s’ajoutent des minorités chrétiennes catholiques, maronites, et coptes, mais aussi des chaldéens, assyriens et nestoriens. Le christianisme étant né dans cette région, il reste de fortes minorités, notamment chrétiennes en Égypte, au Liban, en Syrie et en Iraq.
La région de la Palestine voit affluer des milliers de Juifs suite à la déclaration Balfour et au mouvement sioniste de Théodore Herzl, un intellectuel hongrois qui défendait déjà au XIXe siècle l’idée d’un État indépendant juif.
Sionisme :
Le sionisme est une idéologie politique à base religieuse qui incite les Juifs du monde entier à venir en Palestine pour y bâtir un futur État juif.
Les tensions sont énormes entre Juifs et Palestiniens sur place. Il y a aussi des tensions entre les Juifs et les Anglais qui, voyant arriver la catastrophe, tentent en vain de limiter l’immigration juive.
La Seconde Guerre mondiale ne va pas arranger la situation car Proche et Moyen-Orient ont été l’objet de jeux politiques et de convoitises entre les Alliés eux-mêmes et l’Allemagne nazie. Ces luttes de pouvoirs ont encore davantage brouillé les cartes.
Conclusion :
La Première Guerre mondiale a grandement déstabilisé le Proche et le Moyen-Orient. L’Empire ottoman, alors maître de la région, a payé cher son alliance avec l’Allemagne. Le démantèlement de l’Empire a donné lieu à de multiples conflits car les Occidentaux ont « découpé » l’immense territoire en fonction de leurs propres intérêts et non en respectant des frontières déjà établies ou en suivant la répartition des populations. Des cultures, des religions, des langues différentes ont ainsi dû cohabiter sur de nouveaux territoires. L’arrivée des Juifs en terre de Palestine a été un autre élément déclencheur dans les tensions de la région.