L'existence et le temps

Problématiques

  • Que signifie exister ?
  • Quel sens pouvons-nous donner à une existence se soldant immanquablement par la même fin, la mort ?
  • Ne vaut-il mieux pas ignorer notre propre finitude et profiter de chaque instant sans trop se poser de questions ?

Définition à connaître : angoisse.

  • Le temps qui passe n’existe pas

Dans son ouvrage Les Confessions, saint Augustin s’est intéressé à la nature du temps. Non pas celui des horloges, mais à une temporalité plus subjective, vécue différemment par chaque individu. Saint Augustin cherche à élucider l’essence du temps qui passe indépendamment des évènements extérieurs auquel il se réfère. Mais il est confronté à une difficulté épineuse qu’il résume ainsi : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. »

  • Pascal et la finitude

Pour Pascal, se confronter à notre finitude sans souffrir est possible : il faut parier que Dieu existe et se tourner vers lui. La foi chrétienne est le seul remède à notre condition misérable.

  • La sagesse épicurienne est une méditation sur la mort qui nous ouvre au plaisir de vivre

Les sages antiques parient plutôt sur l’usage de la réflexion. Au lieu de l’éviter, il faut au contraire penser sérieusement à la mort. La réflexion philosophique nous guérit de l’angoisse de la mort. Le sage Épicure affirme que « la mort n’est rien pour nous » : tant que nous sommes vivants, la mort n’est pas. Lorsque la mort survient, nous ne sommes plus puisque le corps périt et que les sensations s’éteignent. Il n’y a plus de plaisir ni de douleur. La mort n’est donc pas une affaire pour les vivants ni une affaire pour les morts. L’angoisse qu’elle occasionne est une fiction de notre imagination dont on peut se libérer. Il n’est nullement nécessaire de s’épuiser dans une quête effrénée des plaisirs pour oublier qu’on est mortel. Profiter de plaisirs simples, prendre soin de son corps et nourrir son âme d’échanges philosophiques avec ses amis suffit à nous rendre heureux et libre malgré l’échéance de la mort.

  • Sartre et l’existentialisme

Au XXe siècle, Sartre et les existentialistes manifestent pour un mode de vie authentique dans lequel l’individu accepte sa condition « d'être-vers-la-mort », selon les mots d’Heidegger, et se tourne vers la liberté.

Sartre rappelle dans L’existentialisme est un humanisme qu’exister, c’est être « hors de ». L’Homme est un être jeté dans le monde de manière contingente, pas de manière nécessaire : est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être ; est contingent ce qui peut être autrement qu’il n’est. Cela signifie que je suis là, un existant parmi d’autres, mais j’aurais pu aussi ne pas être, ne jamais naître.

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À retenir

  • Le temps mesuré objectivement par les horloges et les calendriers permet d’établir des repères communs à tous.
  • Le temps qui passe possède une existence théoriquement impossible à définir. Il n’est pas un objet que l’on peut observer et disséquer, mais une intuition constante qui ne quitte jamais la conscience sauf à notre mort.
  • La création, sous toutes ses formes, manifeste notre volonté de laisser une emprunte indélébile dans une œuvre matérielle ou intellectuelle ; un grand tableau, un livre magistral ou un film sont autant de tentatives de survivre après la mort dans la mémoire collective des hommes.
  • L’Homme souffre de se savoir mortel, c’est pourquoi il préfère souvent l’ignorer. Mais la certitude de mourir lui offre également la possibilité d’œuvrer à son bonheur et à sa liberté.