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La presse au XIXe siècle, essor journalistique et littéraire
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Introduction :
Le XIXe siècle marque les débuts de la presse écrite. De nombreux journaux se développent, favorisés progressivement par la modernisation des techniques et par l’apport de la publicité. De façon concomitante apparaissent les problématiques liées à la presse, notamment celles autour de sa liberté. Victor Hugo prononce dès 1850 un discours à ce sujet.
Il s’agira, dans un premier temps, d’aborder des éléments historiques du journalisme. Ensuite, nous nous arrêterons sur le personnage protéiforme qu’est Hugo. Enfin, nous étudierons plus spécifiquement le discours de Victor Hugo.
Éléments historiques
Évolution de la presse du XIXe siècle au XXIe siècle
Dans le chapitre « Brève histoire des médias modernes », extrait du livre Les Médias sont-ils dangereux ?, Laurent Greilsamer, ancien directeur adjoint du journal Le Monde, distingue trois périodes dans l’histoire de la presse :
L’essor de la presse au XIXe siècle
Voici, en quelques dates, un aperçu des débuts de la presse en France.
On voit rapidement le paradoxe qui accompagne le développement de la presse écrite au XIXe siècle : les journaux se multiplient, les lecteurs également, et cette expression nouvelle s’accompagne du développement de la censure.
Le pouvoir semble, dès l’apparition du journalisme écrit, le soutenir autant que le craindre.
L’essor du journalisme au XIXe siècle attire nombre d’écrivains qui y voient une nouvelle façon de transmettre leurs idées. Hugo fait partie de ces auteurs qui s’intéresseront à la presse, et a fortiori à la liberté de celle-ci.
Éléments biographiques
Hugo, l’auteur
Né en 1802 et mort en 1885, Victor Hugo a directement vécu les faits marquants du XIXe siècle, que ce soit dans les domaines politique, littéraire ou artistique. À la fois chef de file du romantisme, académicien et combattant politique, Victor Hugo a endossé de nombreux rôles au cours de sa vie.
Hugo, l’exilé
En 1851, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, élu président de la République depuis 1848, sait que la Constitution l’empêche d’être réélu. Il décide donc de restaurer l’Empire, s’adjugeant au passage tous les pouvoirs. Le peuple gronde et prend les armes un peu partout en France. Des arrestations d’opposants politiques ont lieu et l’armée tire sur la foule. La sanglante répression aura raison de la résistance.
Hugo participe à la résistance et est témoin de la mort d’un député, tué sur les barricades. Il n’a finalement d’autre choix que l’exil : la Belgique, puis Jersey (1852) et Guernesey (1855). C’est depuis ces deux îles anglo-normandes de la Manche que Hugo écrit désormais, afin d’éviter la prison qui l’attend en France.
Après presque 19 ans hors de son pays, son exil prend fin et Hugo rentre en France en 1870.
Analyse de texte
La Liberté de la presse – 9 juillet 1850
[…] La souveraineté du peuple, le suffrage universel, la liberté de la presse, sont trois choses identiques, ou, pour mieux dire, c’est la même chose sous trois noms différents. À elles trois, elles constituent notre droit public tout entier ; la première en est le principe, la seconde en est le mode, la troisième en est le verbe. La souveraineté du peuple, c’est la nation à l’état abstrait, c’est l’âme du pays. Elle se manifeste sous deux formes ; d’une main, elle écrit, c’est la liberté de la presse ; de l’autre, elle vote, c’est le suffrage universel.
Ces trois choses, ces trois faits, ces trois principes, liés d’une solidarité essentielle, faisant chacun leur fonction, la souveraineté du peuple vivifiant, le suffrage universel gouvernant, la presse éclairant, se confondent dans une étroite et indissoluble unité, et cette unité, c’est la République.
Et voyez comme toutes les vérités se retrouvent et se rencontrent, parce qu’ayant le même point de départ elles ont nécessairement le même point d’arrivée ! La souveraineté du peuple crée la liberté, le suffrage universel crée l’égalité, la presse, qui fait le jour dans les esprits, crée la fraternité. Partout où ces trois principes, souveraineté du peuple, suffrage universel, liberté de la presse, existent dans leur puissance et dans leur plénitude, la république existe, même sous le mot monarchie. Là, où ces trois principes sont amoindris dans leur développement, opprimés dans leur action, méconnus dans leur solidarité, contestés dans leur majesté, il y a monarchie ou oligarchie, même sous le mot « république ».
[…] Prenons-y garde et ne l’oublions jamais, nous législateurs, ces trois principes vivent d’une vie commune. Aussi voyez comme ils se défendent réciproquement ! La liberté de la presse est-elle en péril, le suffrage universel se lève et la protège. Le suffrage universel est-il menacé, la presse accourt et le défend. Messieurs, toute atteinte à la liberté de la presse, toute atteinte au suffrage universel est un attentat contre la souveraineté nationale. La liberté mutilée, c’est la souveraineté paralysée. La souveraineté du peuple n’est pas, si elle ne peut agir et si elle ne peut parler. Or, entraver le suffrage universel, c’est lui ôter l’action ; entraver la liberté de la presse, c’est lui ôter la parole.
Victor Hugo, « Discours à l’Assemblée législative »
Dimension discursive
Dans ce texte, Hugo a pour objectif de transmettre ses idées et de convaincre l’assemblée.
Pour cela, il utilise par exemple le présent de vérité générale. Ses phrases ont une tonalité volontairement didactique, c’est-à-dire qu’elles visent à expliquer et instruire sans qu’elles puissent être contredites : « La souveraineté du peuple, c’est la nation à l’état abstrait, c’est l’âme du pays ».
Hugo se veut également rassembleur. L’emploi du « nous » dans le dernier paragraphe incite l’auditoire à rallier sa cause, à adopter son discours, qu’il l’ait voulu ou non au départ.
Enfin, la répétition des mots « presse », « souveraineté », « peuple » et « liberté » résume assez bien les propos du texte. Non seulement cette répétition permet à Hugo d’insister, d’appuyer, d’accentuer son propos afin de mieux convaincre l’assemblée, mais ces termes traduisent également l’idée globale de l’auteur : le peuple doit être souverain, comme la presse doit être libre, indissociablement.
Hugo, visionnaire, constate les fragilités de la presse naissante et tente de la défendre.
Plaidoyer pour la presse et les libertés
Résonnent dans ce discours à la fois l’homme politique attaché aux lois et l’écrivain attaché aux mots. C’est la liberté de ces derniers que Victor Hugo veut défendre. Il place la liberté de la presse au même niveau que la souveraineté du peuple et le suffrage universel.
Le discours a une dimension clairement politique puisque Victor Hugo défend ses idées au nom de la République : « la souveraineté du peuple vivifiant, le suffrage universel gouvernant, la presse éclairant, se confondent dans une étroite et indissoluble unité, et cette unité, c’est la République. »
Au-delà de la liberté de la presse, Hugo tend à défendre toutes les libertés. Il s’agit pour lui de la possibilité pour chacun de s’exprimer, de donner une opinion, à travers le vote notamment. La « souveraineté du peuple » que le texte évoque à plusieurs reprises corrobore l’idée que la liberté, pour Hugo, est une valeur universelle.
Au XIXe siècle pourtant, Hugo met déjà en garde ses lecteurs sur ce qui guette le journalisme si on ne le préserve pas et milite pour le droit du peuple tout entier à s’exprimer par le vote et la presse.
Souveraineté, vote et liberté de la presse sont les garants de la République et de sa devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Conclusion :
Presse et liberté sont deux termes indissociables depuis les débuts du journalisme. La naissance de ce dernier au XIXe siècle engendre une vigilance légitime. Défendre la liberté de la presse, c’est défendre les droits de l’Homme. C’est ce qu’explique Hugo dans son discours.