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Sujet 2 - géopolitique - corrigé
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Corrigé bac

Épreuve de contrôle continu de la spécialité Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques de la classe de première, voie générale.

COMPOSITION
Quelles sont les menaces qui pèsent sur la liberté d’information ?
Vous nourrirez votre réflexion d’exemples puisés dans l’histoire du XXe siècle.

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Astuce

Remarques préliminaires sur le sujet

  • Le sujet ne possède pas de limites spatiales.
    Par conséquent, il ne faut pas uniquement s’intéresser à la France, mais choisir des exemples dans plusieurs pays.
  • Le sujet possède en revanche des bornes chronologiques, puisque le candidat est invité à puiser des exemples dans l’histoire du XXe siècle.
    Par conséquent, il faut éviter de prendre des exemples datant des siècles précédents, à l’exception de l’introduction. Vous pouvez utiliser quelques exemples du XXIe siècle, à la condition de les relier clairement à une dynamique apparue au siècle précédent.
  • Un plan chronologique sur un sujet aussi étendu dans l’espace est difficile, voire impossible, à adopter. Il faudra donc privilégier ici une approche thématique, en prenant cependant bien soin de préserver l’ordre chronologique au sein de chaque sous partie.
  • Afin de faciliter la compréhension des raisonnements opérés, le plan de la composition sera apparent dans ce travail. Cependant, sur votre copie, les titres des parties et des sous parties ne doivent pas apparaître, même si le correcteur doit être capable de les restituer en lisant votre travail.

Introduction :

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Astuce

C’est par l’introduction que débute la lecture de la composition : la première impression que le correcteur se fait de votre travail est donc directement liée à la qualité de cette introduction. C’est pourquoi il est important d’y consacrer un grand soin, sur la forme comme sur le fond. Il faut garder à l’esprit que votre correcteur aura plusieurs dizaines de copies traitant du même sujet à lire, d’où l’importance d’être précis, concis et incisif !

Après son élection à la présidence des États-Unis en 2016, Donald Trump a été au cœur d’une vive polémique pour avoir refusé d’accréditer des journalistes à certaines de ses conférences de presse. Le président américain accusait les médias auxquels appartenaient ces journalistes de diffuser des fake news à son encontre. Or, la presse et plus généralement les médias jouent un rôle essentiel dans l’introduction du débat dans l’espace public. À ce titre, les médias sont considérés comme un contre-pouvoir.
Cet épisode de la vie politique américaine souligne à quel point la liberté d’information, c’est-à-dire la possibilité de produire, mais également de diffuser et d’accéder à l’information, est indissociable de la démocratie. Consacrée en France par la loi de 1881 sur la liberté de la presse, la liberté de l’information semble être assurée avec la multiplication des médias au cours du XXe siècle (développement de la radio, de la télévision puis d’Internet). Mais cette liberté est fragile et elle a été régulièrement menacée dans les régimes autoritaires comme dans les démocraties tout au long de cette période.
C’est pourquoi on peut se demander quelles sont les menaces et les remises en cause qui planent sur la liberté d’information à travers le monde, et plus précisément au XIXe siècle.

Dans un premier temps, nous nous intéresserons au contrôle absolu de l’information dans les régimes autoritaires et en temps de guerre, puis nous verrons le contrôle de l’information et la concentration des médias dans les démocraties. Enfin, nous analyserons le phénomène de désinformation et les pressions exercées sur les journalistes.

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Astuce

Le développement d’une composition se compose de deux ou trois grandes parties et autant de sous-parties par partie. Il est important d’équilibrer au mieux les différentes parties du plan entre elles.

Le contrôle absolu de l’information dans les États autoritaires et en temps de guerre

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Ici, on se propose de commencer par présenter la menace la plus extrême et la plus évidente, à savoir celle d’un contrôle absolu de l’information dans le cadre d’un régime autoritaire, ne permettant ainsi aucune liberté.
Seront donc mobilisées les notions essentielles de propagande et de censure.

Le contrôle absolu de l’information dans les régimes autoritaires

Lorsque l’on pense aux menaces qui pèsent sur la liberté d’information, notamment au XXe siècle, l’exemple des régimes autoritaires et totalitaires apparaît emblématique. Le contrôle absolu de l’information est au cœur des régimes autoritaires. Les principaux médias, en particulier la presse, la radio et la télévision, sont étroitement contrôlés par les régimes au pouvoir.

Dans les années 1930, la radio devient un véritable organe de propagande, c’est-à-dire un instrument aux mains des dictateurs pour renforcer leur emprise idéologique sur les populations et ainsi faciliter et accélérer l’adhésion de ces dernières à leurs projets. Les régimes totalitaires, comme les régimes autoritaires fondent leur légitimité sur une diffusion contrôlée de l’information qui transforme la réalité pour la conformer à leur idéologie.
Par exemple, les médias d’État nord-coréens présentent la Corée du Nord comme un pays en avance sur le monde dans tous les domaines, ce qui est loin d’être le cas si l’on considère que le pays est fréquemment en proie à des famines. Cependant, le discours officiel ne peut être contesté à l’intérieur du pays puisque aucun média indépendant n’est autorisé et que l’État applique une stricte censure des médias internationaux. La censure consiste en une limitation volontaire de la liberté de la presse et plus généralement de la liberté d’expression.

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Il faut mobiliser et expliquer les notions clés du cours en lien avec le sujet, afin de renforcer votre argumentation.

L’exemple de la Tunisie à l’époque du président Ben Ali (1987-2011) est également emblématique de la censure de la presse dans les régimes autoritaires. Sous couvert de pluralité, les médias étaient en réalité entièrement soumis au pouvoir politique, allant jusqu’à souhaiter un bon anniversaire en première page au chef de l’État.

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Il est important de développer quelques exemples pour illustrer la propagande et le contrôle absolu qui est à l’œuvre dans les régimes non démocratiques.
On peut aussi penser à des exemples plus simples à mobiliser, car ils ont été travaillés tout au long de la scolarité : le régime nazi (avec un ministère dédié à la propagande, dirigé par Goebbels) et l’URSS de Staline (avec par exemple une industrie cinématographique dédiée au culte de Staline et du modèle soviétique).

La révolution de l’information constituée par Internet et l’émergence des réseaux sociaux ont contribué à déverrouiller le contrôle de l’information exercé par les régimes autoritaires : de verticale, la diffusion de l’information est devenue potentiellement horizontale, c’est-à-dire qu’elle n’émane plus uniquement de l’État, mais de l’ensemble des citoyens. Cet essor des réseaux sociaux a abouti au printemps arabe en 2011.
Néanmoins, de nombreux États autoritaires ont trouvé la parade pour reprendre le contrôle de l’information ou du moins en restreindre la diffusion. En novembre 2019 par exemple, le gouvernement iranien, confronté à des manifestations hostiles réclamant davantage de libertés dans le pays, a purement et simplement bloqué l’accès au réseau mondial Internet à ses habitants. La Chine, elle, exerce un contrôle renforcé d’Internet et en particulier des réseaux sociaux. Elle a notamment interdit l’usage de Facebook sur son territoire et n’hésite pas à bloquer des réseaux sociaux afin de contrôler l’information.

Cependant, si la censure s’étend au domaine civil dans les régimes autoritaires, elle est également appliquée par des États démocratiques dans des circonstances particulières : celles de la guerre.

La limitation de la liberté d’information en temps de guerre

Dès l’Antiquité, le stratège chinois Sun Tzu mettait l’accent sur la nécessité de contrôler l’information en temps de guerre dans son ouvrage L’Art de la guerre.

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N’hésitez pas à livrer quelques connaissances personnelles qui peuvent être l’occasion de distinguer votre copie (citations, mise en avant d’un auteur ou d’une œuvre, etc.).

Ce contrôle est notamment observable lors des guerres totales du XXe siècle. En effet, le caractère total des deux guerres mondiales qui ont bouleversé le XXe siècle a transformé le contrôle de l’information par les États en un enjeu stratégique majeur. L’idée était alors de ne pas démoraliser les troupes sur le front, mais aussi de ne pas démobiliser les civils qui assuraient la continuité de l’effort de guerre à l’arrière.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, la France a ainsi remis en place la censure. Cette censure avait pour but d’éviter de démoraliser l’opinion publique mais également d’empêcher la parution d’informations susceptibles de profiter à l’ennemi. Elle fut rendue possible par l’adoption de la loi du 5 août 1914 qui interdisait de publier toute autre information que celles transmises par les autorités.
S’ils étaient censurés en France, les médias furent cependant mis au service de la défense nationale dans les pays anglo-saxons, comme les États-Unis ou l’Angleterre. Lors de la Seconde Guerre mondiale par exemple, la volonté de résistance du peuple anglais fut encouragée par les discours de Winston Churchill diffusés sur les ondes de la BBC. Après la défaite de la France face aux armées nazies, en juin 1940, les forces françaises libres mènent une véritable « guerre des ondes » à l’encontre de l’occupant nazi et du régime de Vichy. Concrètement, grâce à des émissions en français diffusées sur les ondes de la BBC, les forces françaises libres répliquent à la propagande nazie diffusée en France par des radios favorables à l’occupant, comme Radio Paris. Ces émissions radiophoniques, interdites par Vichy et les autorités nazies, étaient écoutées clandestinement en France et contribuèrent dans une large mesure à faire naître un sentiment de résistance contre l’Occupation.

On trouve d’autres exemples de contrôle de l’information lié à un contexte de guerre. La large couverture médiatique dont bénéficia la guerre du Vietnam et les révélations sur les nombreuses atrocités qui y furent commises (à l’image de la photographie de la petite Kim Phuc contrainte de fuir, le corps dénudé et partiellement brûlé, suite à un bombardement américain au napalm) eurent une répercussion considérable, tant dans l’opinion américaine qu’à l’international. Cela incita le gouvernement américain à renforcer son contrôle de l’information en temps de guerre. Ainsi, lors de la guerre du Golfe (1990-1991), seuls les médias américains furent accrédités pour couvrir le conflit.
Ce contrôle de l’information par les États en temps de guerre entraîne une absence de transparence et questionne la sincérité des informations révélées au public.

Véritable enjeu de pouvoir à l’heure de l’information de masse, la manipulation de l’information n’est donc pas uniquement utilisée par les seuls États autoritaires.

Contrôle de l’information et concentration médiatique dans les États démocratiques

En temps de paix aussi une forme de contrôle de l’information peut s’instaurer dans les pays même démocratiques.
Alors que le XIXe siècle peut être considéré comme l’apogée de la liberté d’information dans les démocraties, et en particulier en France grâce à la loi sur la liberté de la presse en 1881, cette liberté a été contestée à diverses reprises au cours du XXe siècle.

Le contrôle de l’information par les États démocratiques

La multiplication des journaux et la circulation de la presse à partir de la fin du XIXe siècle ont permis de renforcer le poids de l’opinion publique, comme l’a démontré l’affaire Dreyfus en France (1894-1906). De plus, les journalistes deviennent des professionnels reconnus et protégés par des droits avec la loi Brachard adoptée en 1935.

Mais la montée des totalitarismes dans les années 1930 va voir le contrôle des États s’accentuer sur les médias dans les sociétés démocratiques. Après la Libération, ce contrôle étatique sur les médias s’exprime à travers la création de services publics radiophoniques, tandis que la télévision devient un monopole d’État, confirmé par la création de la RTF en 1949 en France. Dès lors, les contenus diffusés, donc l’information, font l’objet d’un contrôle par l’État. Cependant, ce contrôle n’est pas absolu : les journalistes conservent une liberté de ton et une relative indépendance à l’égard du pouvoir.
Après son retour au pouvoir, en 1958, le général de Gaulle, conscient de l’influence que la télévision peut exercer sur l’opinion, va faire de la RTF un instrument de politique majeur. Ses successeurs immédiats s’inscriront d’ailleurs dans ses pas. Georges Pompidou déclarera notamment que « l’ORTF, c’est la voix de la France ».

Il faudra attendre les années 1980 pour que l’État abandonne officiellement son monopole sur l’audiovisuel public, notamment avec la privatisation de TF1 en 1987. Progressivement, notamment avec la révélation à partir de 1972 du scandale du Watergate par le Washington Post, on assiste à une distanciation grandissante entre journalistes et hommes politiques.

Cependant, si les médias se sont libérés du monopole exercé par l’État, leur concentration entre les mains de quelques grands magnats des affaires constitue une menace toujours actuelle qui plane sur la liberté d’information.

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N’oubliez pas d’introduire et/ou de conclure chacune de vos sous-parties par une phrase de transition. Cela permet de dégager la structure de votre rédaction.
Ici, dans la logique du raisonnement, on passe d’un contrôle instauré par l’État (monopole d’État) à une forme de contrôle moins évidente et relevant davantage du domaine économique : la concentration médiatique.

La concentration des médias

Au cours du XXe siècle, la concurrence entre grands médias a favorisé la course à l’information et la pluralité des médias. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, on assiste, dans les démocraties occidentales, à un phénomène de concentration des médias au sein de grands groupes, phénomène accéléré avec la fin de la guerre froide et la libéralisation des anciens régimes communistes.

Ainsi, en France, quelques grands groupes contrôlent 90 % des quotidiens régionaux et plus de la moitié des chaînes de télévision. Bernard Arnault, PDG de LVMH possède par exemple Les Échos, Le Parisien, Aujourd’hui en France, Investir et Radio Classique, tandis que Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues, détient TF1, LCI, TFX, TMC, TF1 Séries Films et la chaîne Histoire.
En Italie, Silvio Berlusconi, plusieurs fois président du Conseil, détient Mediaset, le principal groupe de télévision et de presse du pays. Cette concentration des médias entre les mains des principales fortunes pose la question de l’indépendance et de la pluralité de l’information. Les magnats des médias peuvent en effet faire pression sur les journalistes pour empêcher ou tout du moins retarder la parution d’enquêtes les concernant. Grâce à son emprise sur les médias en Italie, Silvio Berlusconi put ainsi retarder la publication d’enquêtes sur des scandales auxquels il était mêlé.

Un phénomène similaire peut-être observé dans le cas d’Internet. L’essor d’Internet dans les années 1990 a permis la démultiplication des sources d’information. Cependant, la constitution de grands groupes de médias numériques contrôlés par les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) questionne également la liberté d’expression, et plus encore le pluralisme de l’information. Si cette logique de concentration des médias devait se poursuivre, elle pourrait à terme menacer les fondements de la démocratie.

La liberté d’information subit donc des pressions dans les démocraties, la remettant parfois en question. À ces pressions s’ajoutent les bouleversements dans les champs de la technologie et des méthodes de communication à la fin du  XXe siècle, ainsi que les pressions directes sur les journalistes, mettant la profession en difficulté.

Désinformation et pressions exercées sur les journalistes

Avec l’avènement d’Internet et la révolution du numérique, on assiste depuis le début des années 1990 à une multiplication des sources d’information qui contribue à augmenter la méfiance des opinions publiques et à faciliter les tentatives de manipulation de l’information.

Dérives et tentatives de manipulation de l’information

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Dans cette partie sont abordés deux phénomènes qui apparaissent durant les années 1990 : le storytelling et les fake news. On peut donc citer quelques exemples au tout début du XXIe siècle, à condition de les présenter comme des résultantes d’un processus mis en œuvre au XXe siècle.

Le storytelling est une méthode de communication née dans les années 1990. Cela consiste à mettre en scène la communication autour d’un événement grâce à l’utilisation de procédés narratifs dans le but de renforcer l’adhésion de l’opinion publique au discours qui le justifie. Les tentatives de manipulation de l’information ont plusieurs sources. Elles peuvent être le fruit d’une stratégie de la part d’un gouvernement afin de renforcer l’adhésion de l’opinion publique à ses actions.

En 2003, pour justifier l’intervention militaire en Irak aux yeux de l’opinion américaine, l’administration Bush manipula les médias en prétendant que le dictateur Saddam Hussein détenait un programme secret de fabrication d’armes biologiques et de destruction massive. La reprise des révélations de ce soi-disant témoin par une partie de la presse américaine a donné lieu à un incroyable storytelling dénoncé dans le film Green zone. L’exemple du mensonge de la guerre en Irak illustre les dangers que la manipulation de l’information représente pour la démocratie.
Un exemple plus ancien peut être pris pour illustrer les dangers de la diffusion d’une fausse information, parfois par manque de travail d’investigation. Il s’agit de l’affaire des charniers de Timișoara en 1989. Une fausse information fournie par la presse yougoslave fut relayée par les médias internationaux concernant des supposées victimes du régime roumain de Ceausescu, alors que ces personnes avaient trouvé la mort avant les évènements. Dans cette histoire, il est notamment question d’une supposée complicité de la CIA pour discréditer Ceausescu.

Par ailleurs, grâce à l’analyse des données et de l’opinion sur Internet ou les réseaux sociaux, certaines sociétés privées peuvent influencer les électeurs et contribuer à modifier le cours des élections. Le cas de la société britannique Cambridge Analytica, spécialisée dans l’influence de l’opinion sur les réseaux sociaux constitue un bon exemple d’étude de ce phénomène. Proche des milieux conservateurs américains, la société Cambridge Analytica s’est donnée pour mission de modifier le comportement de l’audience (c’est-à-dire des utilisateurs) des réseaux sociaux. Cette société a joué un rôle clé dans la campagne électorale de Donald Trump en 2016 en ciblant des groupes d’électeurs avec des messages personnalisés (utilisant massivement des fake news) fondés sur leurs profils sur les réseaux sociaux afin d’influencer leur vote.
L’accroissement de la diffusion de fake news depuis les années 1990 et la critique des médias traditionnels, pourtant seules sources d’informations vérifiées, participent également de cette manipulation de l’information. Des personnalités politiques comme Donald Trump mais aussi le président des Philippines Rodrigo Duterte se font en effet les relais de violentes critiques à l’encontre des médias et n’hésitent pas à diffuser rumeurs et fake news sur les réseaux sociaux afin de renforcer leur assise politique ou de se dédouaner de leurs responsabilités dans la gestion de certaines crises.

Si Internet et la révolution du numérique facilitent les tentatives de manipulation de l’information, les menaces à l’encontre des journalistes ou des lanceurs d’alerte sont également un frein à la liberté de l’information.

Les menaces à l’encontre des journalistes et des lanceurs d’alerte

La liberté de l’information est également entravée par les atteintes directes à l’intégrité physique, voire à la vie des journalistes et des lanceurs d’alerte. Apparu en France en 1996, le terme de lanceur d’alerte désigne une personne ou un groupe qui dénonce des scandales au nom de l’intérêt général, afin de mobiliser l’opinion publique. Ce fut par exemple le cas de Daniel Ellsberg en 1971, qui transmit au New York Times un rapport top secret qui prouvait que l’administration Nixon mentait sur la situation réelle de la guerre du Vietnam.

Les pressions et menaces sur les journalistes et lanceurs d’alertes sont toujours d’actualité : pour la seule année 2017, 39 journalistes et lanceurs d’alerte ont été assassinés à travers le monde en raison de leurs activités. L’exemple de l’assassinat de la journaliste d’investigation et lanceuse d’alerte maltaise Daphné Caruana Galizia est emblématique de ce point de vue. En octobre 2017, après avoir révélé sur son blog et par voie de presse un scandale de corruption impliquant des hommes d’affaires et des hommes politiques maltais proches du gouvernement, elle trouvait la mort dans l’explosion de sa voiture. En réaction à cet assassinat, un collectif de journalistes et de médias a décidé de reprendre ses investigations tandis que la vague d’indignation soulevée à travers l’Europe a fait prendre conscience à la Commission européenne de l’urgence de créer un statut européen pour les lanceurs d’alerte dans la continuité de celui adopté en France dans le cadre de la loi Sapin 2 du 9 décembre 2016, même si la protection accordée par cette dernière aux lanceurs d’alerte s’avère relativement faible.
Daphné Caruana Galizia n’a pas été la première lanceuse d’alerte à risquer sa vie. En 1991, Erin Brockovitch, assistante juridique dans un cabinet d’avocat, enquêta sur les pratiques de la Pacific Gas & Electric Company. Au cours de son enquête, elle découvrit que la Pacific Gas était responsable de la pollution du réseau d’eau potable de la ville d’Hinkley en Californie à l’origine de plusieurs centaines de cancers et, malgré les pressions, elle parvint à faire condamner la compagnie en justice.

Le dernier danger (mais pas le moins important) qui plane sur la liberté d’information est la question du statut des journalistes aujourd’hui. Avec la révolution 2.0, les blogs ont par exemple commencé à concurrencer les journalistes à partir de la fin des années 1990, prenant de l’ampleur au début du XXIe siècle. Désormais, chaque individu peut produire des vidéos, des commentaires ou des photographies à l’aide de son smartphone et les diffuser instantanément sur les réseaux sociaux.
Cependant, ces contenus, qui cherchent souvent à faire le buzz s’apparentent davantage à de la désinformation qu’à de l’information puisque, contrairement à l’information journalistique, elle n’a pas fait l’objet d’un processus de vérification. La liberté de l’information passe donc aussi par une déontologie journalistique et la protection des professionnels.

Conclusion :

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Votre conclusion est la dernière impression que conserve le correcteur de votre travail. Il est donc nécessaire de la soigner.
Elle se décompose en deux parties. Une brève synthèse de votre développement, qui constitue la réponse à la problématique et une ouverture sur un sujet connexe ou une prolongation possible du sujet qu’on vous a demandé d’analyser. Ici, on peut par exemple étendre plus spécifiquement la réflexion au XXIe siècle, grâce aux informations que l’on a pu apporter dans le développement.

Au cours du XXe siècle, on a assisté à un contrôle important de l’information par les États démocratiques, alors même que la liberté d’information constitue un principe fondamental de la démocratie. Ce contrôle s’est traduit, après la Seconde Guerre mondiale, par l’apparition d’un monopole d’État sur la radio et la télévision. La remise en cause de ce monopole dans les années 1980 a laissé la place à un autre danger pour la liberté d’information, celui de la concentration toujours croissante des médias.
Le contrôle de l’information dans les États démocratiques s’est aussi traduit par le développement de la censure au cours des deux guerres mondiales, tandis que les régimes autoritaires et totalitaires exercent un contrôle absolu sur les médias devenus de véritables instruments de propagande entre leurs mains.
Enfin, alors que la révolution numérique de la fin du XXe siècle semblait devoir consacrer la liberté d’information, on assiste à une recrudescence des pressions et des violences à l’encontre des journalistes et des lanceurs d’alerte à travers le monde.

De façon plus préoccupante encore, la révolution du numérique favorise la manipulation de l’information et pose la question des menaces qui planent sur le métier de journaliste à l’aube du XXIe siècle, du fait de la recherche du sensationnalisme et de la diffusion massive de fake news. Ces menaces sur la liberté d’information apparues au XXe siècle pourraient dangereusement déstabiliser les démocraties modernes du XXIe siècle.