Alcools

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Émergence de la modernité poétique

  • Le XIXe siècle est caractérisé par des mutations technologiques, industrielles et démographiques.
  • En dépit des fortes tensions sociales qui découlent de cette industrialisation, les villes se font l’espace d’expression de cette modernité fascinante.
  • Les transformations du paysage poussent les poètes à réinterroger le rapport de l’Homme à ce nouveau monde en pleine ébullition.
  • Ils vont rechercher un langage capable de rendre compte de la complexité de leurs sensations face à ces changements : c’est la naissance de la modernité poétique.
  • La poésie du monde moderne a d’abord été celle de Charles Baudelaire qui a fait entrer la ville et la rue en poésie.
  • Inspiré par les audaces de l’écriture d’Aloysius Bertrand, Baudelaire finira par abandonner les règles de la versification qui limitent son inspiration.
  • Il écrit Le Spleen de Paris entièrement en prose.
  • Succédant à Baudelaire, des poètes comme Rimbaud, Verlaine, et Mallarmé vont multiplier les expériences pour renouveler l'inspiration et le langage poétique.
  • Au début du XXe siècle les poètes vont s’emparer de nouveaux thèmes liés à la modernité : tout ce qui a trait au quotidien et à la nouveauté va devenir digne d’être regardé et sublimé.
  • Les poètes du monde moderne vont refuser d’utiliser un langage figé par des codes contraignants et chercher à lui redonner toute sa puissance créatrice.
  • Ils vont ainsi engager des révolutions formelles (de forme) du genre poétique.
  • Par exemple, dans La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913), le poète Blaise Cendrars utilise le vers libre et l'alternance de vers non-rimés pour mimer le rythme du train.
  • Le poète moderne remplit ainsi les fonctions qui ont toujours fait l’essence de la poésie :
  • être un moyen d’exploration des ressources formelles du langage ;
  • être, via le langage, un questionnement de l’Homme sur son rapport au monde.

Une libération poétique

  • Dès la seconde moitié du XIXe siècle, des poètes ont engagé des transformations formelles et mis l’accent sur la prosodie : la forme versifiée est conservée, mais elle est adaptée pour explorer toutes les ressources de la langue et de sa musicalité.
  • Dans « Art Poétique », Paul Verlaine revendique l’usage du vers impair dont le rythme lui semble plus musical :« De la musique avant toute chose/Et pour cela préfère l’Impair ».
  • Dans « Le Dormeur du Val », Arthur Rimbaud utilise la forme classique du sonnet en alexandrins mais multiplie les rejets et contre-rejets pour créer la surprise chez son lecteur.
  • Au-delà du détournement de formes anciennes, les poètes de cette époque vont petit à petit s’affranchir du vers traditionnel, lui préférant le vers libre, jusqu’à expérimenter la poésie en prose.
  • Il s’agit, pour parvenir à faire émerger une nouvelle sensibilité, d’utiliser un nouveau véhicule émotif.
  • Ou, pour citer Rimbaud : « Les inventions d’inconnus réclament des formes nouvelles. »
  • La modernité ne bouleverse pas seulement les codes de la poésie mais également ceux des autres arts conduisant par exemple à l’apparition de la peinture cubiste.
  • Proche des peintres cubistes qui remettaient en question une représentation trop figurative de la réalité, Apollinaire a voulu, avec son recueil Calligrammes, échapper à la linéarité du poème en représentant ce dont parle le poème par le dessin.

Apollinaire : « Zone », Alcools

  • Guillaume Apollinaire est né en 1880. À 20 ans, il se lie aux peintres Pablo Picasso, André Derain et le Douanier-Rousseau.
  • Son plus grand succès, Alcools (1913), est rapidement remarqué pour son originalité, tant dans la forme que dans les thèmes choisis.
  • Le poème « Zone » qui ouvre le recueil, est un véritable hymne à la modernité.
  • Il exprime la fascination d’Apollinaire pour le Paris du début du XXe siècle.
  • Apollinaire ne s'intéresse pas aux quartiers chics du centre de Paris, mais à la nouvelle zone des quartiers industriels.
  • Dès le premier vers, il rejette le vieux monde et fait l'éloge du changement et de la modernité.
  • Il rend ensuite hommage à la tour Eiffel, symbole de la révolution industrielle.
  • La Tour Eiffel est un symbole ostensible du nouveau monde qui s’ouvre en ce début de siècle avec Paris en son centre. La tour devient un guide, une sorte de phare qui montre la voie des audaces nouvelles que doivent emprunter les artistes.
  • Puis, le poète fait se confronter deux mondes :
  • le monde ancien (nombreux renvois à l’Antiquité) ;
  • et le monde moderne.
  • En définitive, le poème ne fait pas une apologie aveugle du progrès. Tout en convoquant des thèmes contemporains, Apollinaire cherche à exprimer ce que la poésie à toujours permis aux poètes d’exprimer : sa propre sensibilité et l’affirmation de son expérience personnelle.
  • Pour ce faire, il joue avec les codes d’une esthétique nouvelle avec :
  • l’utilisation du vers libre ;
  • l’irrégularité des strophes ;
  • l’absence de rimes ;
  • l’inégalité métrique ;
  • une énonciation volontairement brouillée ;
  • l’emploi d’un registre familier ;
  • des repères de temps confondus.
  • Apollinaire affirme ici une nouvelle esthétique poétique basée sur la juxtaposition d’images porteuses de sens. En cela, il rejoint les courants de l’art contemporain comme le cubisme qui proposait de représenter les différentes faces d’un objet simultanément.