Le personnage de roman : définition et caractérisation

Un héros, des personnages

  • Le personnage peut être un personnage principal ou secondaire. Ces derniers peuvent être adjuvants, opposants ou destinateurs.

Le personnage de roman, une définition en mouvement

  • Antiquité : le personnage est un héros, un demi-dieu qui incarne des valeurs collectives (Ulysse dans l’Odyssée). Ce type de héros est lié au besoin de modèles dans une société fondée sur des valeurs fortes.
  • Moyen Âge : les héros dans les romans de chevalerie sont des personnages porteurs d’idéaux et de valeurs collectives (Roland dans La Chanson de Roland).
  • Ces personnages font figure de perfection.
  • Renaissance : émergence du héros moderne, avec l’apparition de la psychologie et de l’idée d’individu. Le personnage moderne est imparfait, c’est une figure plus banale, qui reflète mieux le lecteur.
  • XVIIe siècle : l’idée du héros moderne se développe. La Princesse de Clèves est considéré comme le premier roman psychologique et sentimental.
  • Fin du XVIIe siècle : le personnage commence à poser un regard plus critique et ironique sur lui-même (Le roman comique, 1657). Dans Jacques le Fataliste, Diderot déconstruit, déçoit et interroge les horizons d’attente du lecteur face au destin du personnage. La notion d’anti-héros se précise.
  • XIXe siècle : siècle du réalisme. L’écrivain porte alors un regard plus réaliste et distancié sur des héros en apprentissage de la vie, dans une société régie par l’argent (Bel-Ami, Le Père Goriot). Ces personnages sont de simples représentants d’une catégorie sociale et sont loin de représenter l’idéal de perfection du héros.
  • XXe siècle : la crise du personnage se renforce, notamment à travers le mouvement du nouveau roman. La notion de personnage appartient au passé car la foi en l’individu n’est plus la même après les conflits de ce siècle. Dans les romans de Marguerite Duras, les héros sont souvent anonymes, sans précisions physiques ou morales. Dans L’Étranger, le narrateur brise les attentes du lecteur.
  • Aujourd’hui : le roman est moins catégorique quant à la disparition du personnage, mais il met l’accent sur son caractère banal, lambda (Des Inconnues, Le Royaume). La conception du personnage a varié au fil des siècles en fonction des différentes visions du monde et de l’homme.

La caractérisation du personnage

  • Le roman est un genre de la mimétique. Pour lui donner une illusion d’authenticité, le personnage doit être caractérisé directement ou indirectement.
  • Caractérisation directe : d’abord fournie par le nom et le prénom du personnage. Cette désignation permet d’identifier la catégorie sociale du personnage et peut donner des indices sur la personnalité du lecteur.
  • Le portrait physique et moral permet souvent au narrateur de soumettre implicitement au lecteur un pan psychologique du personnage décrit (portrait en situation de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir).
  • Le romancier donne vie à son personnage par l’époque, le milieu social et le cadre familial dans lequel il s’inscrit.
  • Caractérisation indirecte : un personnage peut délivrer des aspects de sa personnalité de manière indirecte ou implicite. Le langage fait partie de ces indices implicites, car le vocabulaire, le niveau de langue et la tonalité employée en révèlent parfois beaucoup sur le personnage (procédé beaucoup utilisé par Zola).
  • Certains éléments symboliques peuvent être porteurs d’infos sur le personnage.