La Princesse de Clèves

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De la préciosité au roman d'analyse

  • La première moitié du XVIIe siècle est marquée par l'influence de la préciosité qui véhicule un idéal de raffinement, de délicatesse et une idéalisation de l'amour.
  • Madame de La Fayette, qui a fréquenté les cercles précieux, distille cette vision de l'amour absolu dans La Princesse de Clèves.
  • On retrouve dans La Princesse de Clèves d’autres éléments emblématiques hérités de la préciosité :
  • le goût du secret ;
  • la scène du coup de foudre ;
  • la réserve dont doit faire preuve l'homme vis-à-vis de la femme aimée.
  • On retrouve l'héritage de l’amour courtois des romans de chevalerie médiévaux.
  • Cependant, à l’inverse du roman précieux, les différentes péripéties ne sont pas de simples ornements, mais intensifient le conflit intérieur dans lequel la princesse se trouve.
  • La Princesse de Clèves rassemble les caractéristiques du classicisme :
  • l'intrigue est concentrée et simple ;
  • le nombre des personnages est réduit.
  • Cette simplicité établit une parenté avec la tragédie classique.
  • Ici le récit est tout en simplicité, brièveté et vraisemblance. C'est la vie intérieure du personnage qui crée la cohérence du récit.
  • Le roman d'analyse est né, et il est en phase avec la pensée classique.
  • Madame de La Fayette invente une nouvelle forme de romanesque qui porte l'attention du lecteur vers l'intimité des personnages, d'autant plus qu'ici la passion ne se dit pas.
  • C’est pour cela que l’expression de l’amour se fait notamment via le monologue.
  • Comme le langage ne sert pas à l’expression de l’amour, ce sont les expressions du visage et les gestes qui y pourvoient.
  • Pour la première fois dans la littérature romanesque, la passion apparaît comme une puissance dangereuse pour l'équilibre de l'être ; cette vision est influencée par la morale du temps de l’écriture.

La princesse de Clèves, soumise aux exigences morales et sociales du XVIIe siècle

  • Madame de La Fayette vit à la cour et, de ce fait, la connaît très bien.
  • C’est donc naturellement qu’elle place son personnage de roman face à la complexité des codes de l’étiquette qui impose retenue et bienséances.
  • La princesse évolue dans une société faisant de la femme une éternelle mineure, dépendante des choix parentaux en matière d'alliances matrimoniales.
  • Elle accepte d’épouser le prince de Clèves bien qu'elle n'ait « aucune inclination pour sa personne ».
  • Les codes sociaux imposent le silence et le secret car la raison doit prendre le pas sur les passions. Ils sont imprégénés de religion.
  • Madame de La Fayette dresse le portrait d'une société dominée par les préceptes catholiques qui imposent leur morale à l'individu.
  • Cette morale est notamment incarnée par la mère de l'héroïne, Mme de Chartres.
  • Notez que cette morale est plus particulièrement contraignante pour les femmes.
  • La morale impose de lourds renoncements à la princesse de Clèves : elle choisira sa vertu et son devoir plutôt que son amour pour le duc de Nemours.
  • Enfin, l'hypocrisie règne en maître à la cour : c'est un milieu raffiné mais corrompu qui pousse à la dissimulation.
  • La princesse se rend ainsi coupable de plusieurs mensonges.
  • Cette nécessité de masquer la vérité ne permet pas d'accéder à la lucidité. C'est par une religion intérieure, un examen d'elle-même que la princesse de Clèves va tendre vers la vérité.
  • Paradoxalement, le poids de la morale favorise les cris du cœur, la libération de la parole et des sentiments.

Analyse d’un célèbre monologue

Un examen de conscience

  • Au XVIIe siècle, le catholicisme est marqué par le courant janséniste.
  • Ce courant développe une conception pessimiste de l'être humain, déterminé par le péché et l'impossibilité d'atteindre la vérité.
  • Les retours sur elle-même de la princesse prennent la forme d’un jansénisme intérieur se manifestant dans de nombreux monologues.
  • Ces monologues peuvent être rapprochés de « l'examen de conscience » conseillé par les hommes d'Église au XVIIe siècle (le rappel des actions, la conscience de la transgression puis le remords et la résolution).
  • Le monologue étudié débute au discours indirect qui indique au lecteur que la princesse tient les rênes de sa conscience.
  • On notera des termes forts afin d’exprimer la lutte de la princesse contre les passions qui l’assaillent, des passions qui sont un péché dont on se « défend ».
  • Les passions de la princesse, vécues de l’intérieur, font du personnage la conscience centrale du récit.
  • Cette volonté de pleine conscience et de lucidité est l'idéal des moralistes.
  • Les analyses auxquelles la princesse s’astreint doivent lui permettre de retrouver la liberté que sa passion lui retire. Ce monologue est donc indispensable si elle veut rester maîtresse de sa conduite.
  • Lorsque l'émotion est trop forte le basculement au discours direct s’opère.

L'homme est le jouet de ses passions

  • La princesse utilise ici toute une terminologie propre à l’expression de la passion tragique afin de décrire ses atermoiements et la fatalité du destin.
  • La passion sème le trouble à l'intérieur de l'être : celui-ci ne se reconnaît plus et transgresse ses propres valeurs.
  • La princesse conclut d’ailleurs par une formule passive très forte : « je suis vaincue ».
  • Ces monologues aboutissent le plus souvent à un retour de la lucidité.

Le choix du renoncement et du repos

  • Tout au long du roman, se livre chez la princesse une lutte acharnée entre le cœur et la raison.
  • Cependant, cette lutte finit par déboucher sur un renoncement : le monologue étudié condense ce cheminement de l’esprit.
  • La décision de l’héroïne de partir pour « la campagne » suit la morale des jansénistes (seul le retrait du monde peut apporter le salut).
  • Cette décision est d’ailleurs prémonitoire de celle qui clôturera le roman : le retrait au couvent.