Semaine 6 - Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Définir le roman et le récit
Définir le roman et le récit
- Le mot roman désigne initialement une langue (issue du latin) avant de devenir un genre littéraire.
- Il ne faut pas confondre roman et récit, car tout roman est un récit, mais tout récit n’est pas forcément un roman.
- Un roman est une œuvre de fiction en prose, d’une certaine longueur, mêlant réel et imaginaire, centrée sur des personnages, une intrigue, et souvent une réflexion morale ou sociale.
- Le récit, plus général, désigne toute forme de narration, quel que soit le genre ou la forme (roman, poème narratif, pièce de théâtre, autobiographie, etc.).
- Le roman se distingue ainsi de la nouvelle (plus courte), du conte (à registre merveilleux), de l’autobiographie (ancrée dans le réel) et de la biographie (centrée sur une autre personne).
Points communs entre récits narratifs
Points communs entre récits narratifs
Malgré leurs différences, tous les récits partagent plusieurs caractéristiques :
- un narrateur (interne, externe ou omniscient) ;
- un point de vue sur les événements (externe, interne ou omniscient) ;
- des personnages plus ou moins développés ;
- une progression dramatique (début, péripéties, fin) ;
- un schéma narratif classique (situation initiale, élément perturbateur, péripéties, résolution, situation finale).
- Le roman suit souvent ce schéma, mais peut aussi s’en éloigner pour mieux le subvertir.
Histoire du roman : une évolution continue
Histoire du roman : une évolution continue
Moyen Âge
Moyen Âge
Le roman courtois met en scène des exploits chevaleresques et des histoires d’amour idéalisées (Chrétien de Troyes, Tristan et Yseut).
C’est une époque de transition où les récits oraux deviennent des œuvres écrites.
XVIe siècle
XVIe siècle
Rabelais renouvelle le genre avec Gargantua et Pantagruel, romans comiques et critiques, inspirés par l’humanisme. Il mêle épopée, farce, satire et réflexion sur la société.
XVIIe siècle
XVIIe siècle
Le roman devient psychologique et précieux (La Princesse de Clèves, L’Astrée), mais aussi philosophique (L’Autre Monde de Cyrano de Bergerac), préparant les grands questionnements du siècle suivant.
XVIIIe siècle
XVIIIe siècle
C’est l’âge d’or des romans philosophiques, picaresques et libertins. Voltaire, Montesquieu et Diderot utilisent la fiction pour faire passer des idées (conte philosophique, roman-mémoires). Le roman s’engage, devient critique et expérimental.
XIXe siècle
XIXe siècle
Le roman réaliste (Balzac, Flaubert) et naturaliste (Zola) domine. Le premier veut représenter la société dans sa diversité et le second étudier l’humain selon des principes quasi scientifiques. C’est une littérature d’observation, très structurée.
XXe et XXIe siècles
XXe et XXIe siècles
Le roman explose en formes et en styles. Il devient un espace d’expérimentation (Proust, Queneau, Sarraute, Butor).
Il s’ouvre à la philosophie (existentialisme - Sartre, absurde - Camus), à l'engagement politique (Malraux) et à la remise en question de ses propres codes (Nouveau Roman - Sarraute).
L’évolution de la narration
L’évolution de la narration
Le choix du narrateur
Le choix du narrateur
À la première personne, le narrateur est souvent le héros ou une conscience proche du romancier (Les Confessions, La Princesse de Clèves, La Nausée). Ce choix implique une subjectivité forte. Au XVIIIe siècle, le roman par lettres (épistolaire) introduit une pluralité de voix (ex : Les Liaisons dangereuses).
Le point de vue
Le point de vue
Le point de vue omniscient, dominant au XIXe siècle, donne une impression de maîtrise et de savoir total. À partir du XXe siècle, cette posture est remise en cause : les auteurs adoptent des points de vue multiples ou limités, traduisant un monde plus complexe, fragmenté, incertain (Nouveau Roman, existentialisme).
Révisions des œuvres et parcours au programme
Révisions des œuvres et parcours au programme
Abbé Prévost – Manon Lescaut (1731)
Abbé Prévost – Manon Lescaut (1731)
Contexte :
- Roman du XVIIIe siècle mêlant récit d’apprentissage, autobiographie fictive et roman sentimental.
- Récit à la première personne dans la tradition des romans-mémoires.
Parcours associé : Personnages en marge, plaisirs du romanesque
- Des Grieux, héros épris de Manon, évolue dans une tension permanente entre les idéaux religieux, l’ordre social et la passion amoureuse. Les deux protagonistes forment un couple en rupture avec les normes : l’un abandonne sa vocation ecclésiastique, l’autre refuse le modèle féminin de vertu.
- Le récit explore la marginalité affective, sociale et morale. Il met en scène des personnages condamnés par leurs choix, mais rendus profondément humains par leur sensibilité.
- L’intensité du style et la richesse des sentiments participent aux plaisirs du romanesque : le lecteur est emporté par le rythme haletant, les émotions exacerbées, les rebondissements et les contrastes entre ombre et lumière.
Ce qu’il faut retenir :
Le roman interroge les rapports entre liberté, passion et fatalité. Il dépeint des personnages complexes, animés par le désir, mais confrontés à une société répressive.
Honoré de Balzac – La Peau de chagrin (1831)
Honoré de Balzac – La Peau de chagrin (1831)
Contexte : Balzac place La Peau de chagrin au carrefour du fantastique, de la philosophie et du réalisme. Il y explore le rapport entre désir, volonté et existence, à travers un objet surnaturel qui se contracte à chaque vœu du héros, réduisant ainsi son espérance de vie. Le roman devient alors une métaphore puissante de la condition humaine moderne : vouloir intensément, c’est vivre moins longtemps.
Parcours associé : Les romans de l’énergie : création et destruction
Ce texte s’inscrit pleinement dans le thème de l’énergie. Raphaël, le protagoniste, incarne à la fois une force vitale bouillonnante et un penchant destructeur : son désir de tout posséder, d’aimer, de réussir, le consume. Balzac fait de l’individu un être déchiré entre l’aspiration à l’absolu et les limites du corps et du temps.
Ce qu’il faut retenir :
Le roman interroge le rapport entre puissance créatrice (désir, intellect, art) et autodestruction (épuisement, consumation). Il illustre la dualité de l’homme pris entre ambition et vide existentiel.
Colette – Sido (1930) et Les Vrilles de la vigne (1908)
Colette – Sido (1930) et Les Vrilles de la vigne (1908)
Contexte :
Colette adopte une posture singulière dans le paysage littéraire du XXe siècle. Son écriture, ancrée dans le souvenir et l’observation sensorielle, s’écarte des grands récits idéologiques pour mettre en valeur les détails du quotidien, la beauté du monde naturel et les émotions intimes.
Parcours associé : La célébration du monde
Dans Sido, elle dresse le portrait d’une mère libre et poétique, source d’admiration, qui incarne à la fois la sagesse terrienne et la sensibilité féminine.
Dans Les Vrilles de la vigne, Colette poursuit cette célébration de l’existence par une prose fragmentaire, nourrie par la sensation et la mémoire. Les paysages, les animaux, les saisons sont perçus avec une acuité presque charnelle. La femme y occupe une place centrale, non plus comme objet mais comme sujet sensible, intuitif, proche de la nature.
Ce regard poétique fait du réel une matière vivante, vibrante. L’écriture devient un acte de présence au monde, une manière de résister à l’oubli, à l’uniformisation.
Ce qu’il faut retenir :
Colette renouvelle le roman en le détachant des intrigues classiques pour le recentrer sur l’expérience sensorielle, la contemplation, la mémoire. Sa prose célèbre la vie dans sa fragilité et sa plénitude.
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