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Martin Luther et le protestantisme
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Introduction :
Le christianisme contemporain est divisé en plusieurs branches. En Europe occidentale, il se divise essentiellement entre catholicisme et protestantisme.
Nous allons voir dans ce cours quand et pourquoi le christianisme s’est divisé. Pour cela, nous avons tout d’abord besoin de définir ce que l’on entend par « Renaissance ». Au niveau chronologique, il s’agit de la période qui débute au XVe siècle. Les historiens ont choisi deux dates précises pour signifier la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance. On utilise parfois 1453 (la chute de Constantinople), et plus souvent 1492 (la découverte du continent américain).
Au niveau culturel, la Renaissance est liée à la notion de modernité. Elle fait référence à une nouvelle vision de l’Homme et de son rapport avec Dieu. Dans cette perspective culturelle, la date de 1453 est également utilisée par les historiens, non pas pour faire référence à Constantinople mais pour signaler la création de l’imprimerie par Gutenberg.
La Renaissance est une période de changements rapides, durant laquelle les réflexions sur la nature humaine et le sens de la vie se trouvent renouvelés. Ce mouvement que l’on appelle « l’humanisme » va provoquer une série de remises en question du fonctionnement et des dogmes de la religion chrétienne. Peu à peu, des voix dissidentes de plus en plus nombreuses se font entendre, et aboutissent à une séparation avec le christianisme traditionnel. Cette séparation, nous allons l’étudier à travers l’exemple du premier réformateur : Martin Luther.
Nous présenterons dans une première partie le contexte dans lequel se trouvait Luther au moment de la Réforme. Nous présenterons ensuite ses grands principes, puis nous terminerons par une analyse de la diffusion du protestantisme en Europe.
Le contexte de la Réforme
Un climat d’angoisse
Au XIVe et au XVe siècle, la société occidentale traverse une période d’angoisse profonde. Celle-ci est due aux nombreuses guerres et épidémies, notamment celle de la peste noire entre 1347 et 1352, durant laquelle l’Europe a perdu presque une personne sur deux.
On observe ces craintes dans les œuvres d’art de cette période. Les danses macabres, par exemple, sont la représentation de la proximité entre les morts et les vivants. Elles sont en général peintes sur les murs des églises.
Illustration d’une danse macabre
Dans ce contexte, le commerce des indulgences se développe.
Indulgence :
En théorie, une indulgence est une rémission totale ou partielle des péchés grâce à des actes de piété, comme les pèlerinages par exemple.
De manière plus précise, afin de bien saisir l’importance du commerce des indulgences, il faut rappeler que l’Église catholique affirmait que les pécheurs allaient finir soit en enfer, soit au purgatoire, le purgatoire étant défini comme un état intermédiaire entre le paradis et l’enfer, durant lequel les hommes pouvaient purifier leurs péchés.
Faire du commerce des indulgences, c’est donner la possibilité d’une rémission totale ou partielle de ses péchés en payant le personnel de l’Église. Concrètement, il s’agissait donc de payer un curé ou un prêtre pour réduire son temps de séjour au purgatoire.
Les trois papes
Le pape est considéré par les chrétiens comme le lieutenant de Dieu sur Terre. Mais au début du XVe siècle, il n’y a pas un pape en Occident mais deux.
En 1378 en effet, la papauté se divise entre Rome et Avignon : c’est ce que l’on appelle « le Grand schisme d’Occident ».
Quelques années plus tard, en 1409, la papauté de Rome se divise à son tour en deux. Étant donné que le représentant majeur du christianisme traverse lui aussi une crise et que son autorité est affaiblie, il ne peut servir de repères pour des croyants de plus en plus terrorisés par la multiplication de crises, qui sont alors interprétées comme autant de punitions divines.
L’humanisme et l’imprimerie
En 1453, Gutenberg met au point l’imprimerie. Cette invention (qui avait déjà été inventée par les Chinois plusieurs siècles avant), va révolutionner la culture médiévale.
Un groupe de réformateurs, c’est-à-dire de personnes qui s’élèvent contre les abus et les dysfonctionnements de l’Église catholique, va alors entreprendre de traduire la Bible en « langue vulgaire ».
Ces premiers réformateurs mettent le doigt sur l’incohérence des hommes d’Église. Dans le texte original, disent-ils, on ne parle ni de saints, ni de culte à la Vierge, ni de purgatoire. Ces réformateurs invitent alors le peuple à relire la Bible et à se la réapproprier : c’est ce qu’on appelle l’exégèse. Tout un groupe d’intellectuels se forme alors autour de la réinterprétation de textes anciens.
Humanistes :
Les humanistes sont des hommes de lettres qui redécouvrent les textes antiques, et qui décident de replacer l’homme au centre des interrogations.
La réforme de Luther
Antécédents
Quelques décennies avant la réforme de Luther, plusieurs personnes s’étaient déjà élevées contre les abus de l’Église.
Ces deux exemples permettent de saisir la violence de la répression chrétienne lorsqu’elle s’attaque aux hérésies.
Martin Luther
C’est en 1483 que Martin Luther naît en Allemagne. Lorsqu’il se fait moine, il est profondément inquiet pour son salut, comme tous les hommes de son époque.
Alors qu’il ne trouve pas le repos avec les pratiques traditionnelles de la Bible, il affirme que les hommes ne gagneront le paradis que par la pureté de leur foi et non par des actes matériels.
Mais c’est en 1517 que la rupture officielle est déclenchée.
Martin Luther s’oppose de manière virulente au pape, qui propose la vente d’indulgences pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. En 1517, il affiche ses 95 thèses sur la porte de la chapelle du château de Wittenberg, en Allemagne.
Grâce à l’imprimerie, ses thèses se diffusent rapidement dans toute l’Europe. La réaction du pape face aux thèses de Luther, qui non seulement critiquent ouvertement les abus de l’Église mais dénoncent également des mauvaises interprétations de la Bible, est sans appel.
Mais plus rien ne peut arrêter le mouvement réformiste. La diffusion massive de ses écrits fait de Luther l’un des auteurs les plus lus du XVIe siècle. Luther trouve refuge chez un prince allemand et continue d’écrire le reste de sa vie. En 1530, il publie la Confession d’Ausgbourg, écrite avec son collaborateur Philippe Mélenchtchon.
Celle-ci fixe la doctrine luthérienne.
La diffusion du protestantisme en Europe
Diffusion du protestantisme en Europe
Le calvinisme
Dès 1526, les doctrines de Luther sont adoptées par un certain nombre de princes du Saint-Empire romain germanique, qui deviendra alors le foyer central du protestantisme.
Le Saint-Empire romain germanique est le regroupement de plusieurs régions de l’Europe de l’est depuis le Xe siècle.
Les opposants à la réforme ont qualifié les princes allemands qui adoptaient la réforme de Luther de « princes protestants ». Peu à peu, le terme va être repris par les réformistes eux-mêmes qui vont ainsi se nommer : c’est l’origine du mot « protestantisme ».
En France, dès les années 1530, une ramification du luthéranisme voit le jour en la personne de Jean Calvin, un humaniste qui va se rallier aux idées de Luther, tout en proposant des modifications.
En fait, c’est autour de l’idée de « prédestination » que le calvinisme se distingue du luthéranisme. La prédestination désigne le fait que Dieu aurait choisi dès l’origine ceux qui iraient en enfer et ceux qui iraient au paradis.
Cette prédestination est cependant « secrète » et aucun homme n’y a accès. Le calvinisme se développe alors en Suisse, dans le sud de la France mais également en Écosse.
L’anglicanisme
Lorsque le roi Henri VIII, qui régna au XVIe siècle, divorce de Catherine d’Aragon et souhaite se remarier, il s’oppose au pape, qui ne tolère pas le divorce, et encore moins le remariage.
Le roi devient alors un concurrent direct de la papauté en se présentant comme le chef de la religion anglicane. Sa fille, Elizabeth, associe ensuite des cultes calvinistes aux cultes chrétiens.
La réaction de l’Église catholique
La première réaction de l’Église catholique est la condamnation totale du protestantisme.
Toutefois, le pape ne peut pas rester totalement insensible aux critiques des protestants, surtout lorsqu’il s’agit des débauches notoires du propre personnel de l’Église. Face à la diffusion massive des idées protestantes, le pape décide alors, dans un second temps, de réformer l’Église de l’intérieur.
Pour cela il va en premier lieu créer l’ordre des jésuites.
De manière plus globale, la création de l’ordre des jésuites s’inscrit dans le cadre de la Réforme catholique, que l’on nomme parfois Contre-Réforme.
L’objectif de ce concile est d’organiser un « plan de bataille » pour récupérer les territoires perdus mais également de renouveler la formation des prêtres.
La Réforme protestante et la Contre-Réforme divisent profondément l’Europe. À partir de la fin du XVIe siècle, ce sont de véritables guerres civiles qui vont éclater dans toute l’Europe.
En 1572, le tristement célèbre massacre de la Saint-Barthélémy, durant lequel des milliers de protestants vont être assassinés en France, démontre la virulence et la violence des tensions religieuses.
Conclusion :
Les réformes de Martin Luther s’inscrivent dans un contexte d’angoisse et de peurs ancrées dans la société occidentale. Face à la multiplication des conflits et des épidémies, la question du salut de l’âme est au cœur des préoccupations individuelles. C’est en s’interrogeant sur son propre salut que Luther amorce une critique profonde de l’Église. Cette critique, qui s’intègre dans le cadre plus large des interrogations humanistes, donne naissance au protestantisme qui se diffuse rapidement en Europe. Martin Luther est donc à la fois un protestant, un humaniste et un personnage emblématique d’une nouvelle modernité culturelle.
Les conséquences de la fracture entre catholiques et protestants sont nombreuses et complexes. Elles divisent durablement l’Europe et l’installent dans une guerre civile sans merci.