Renaissance et littérature : textes fondateurs, nouveau auteurs

Introduction :

L’Europe du XVe et du XVIe siècle vit dans une époque différente de la précédente. En effet, il règne en ce temps-là un esprit nouveau en rupture avec le Moyen Âge : celui de la Renaissance. Le courant de pensée de l’humanisme qui régnait alors est caractérisé par une foi en l’Homme et en ses capacités à changer le monde.

Ce cours traitera des œuvres d’Erasme, de Montaigne, de Rabelais et des poètes de la Pléiade, que l’on peut qualifier de textes fondateurs de l’Humanisme et de la Renaissance.

Érasme, « le prince des humanistes »

Sa vie

Alt Érasme Érasme

Né vers 1469 en Hollande, Érasme suit un enseignement combinant l’étude de la Bible et la lecture des auteurs antiques. C’est à cette époque qu’il décide de débarrasser la religion chrétienne de la scolastique.

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Définition

Scolastique :

Méthode d’enseignement médiévale qui consiste à commenter de façon érudite les écritures de la Bible.

Or, l’écrivain veut justement accéder à la pureté et à la vérité des textes. Prêtre à 25 ans, il combat l’obscurantisme et voyage à travers l’Europe toute entière.

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À retenir

En 1509, il rédige l’Éloge de La folie, qui aura un grand retentissement dans le milieu littéraire et philosophique de son temps.

Il est fortement opposé à Luther et au protestantisme qu’il va dénoncer dans ses essais philosophiques. Lors des guerres de religion entre catholiques et protestants il refuse néanmoins de prendre parti, étant humaniste et donc pacifiste avant tout.

Son œuvre

L’Éloge de la folie est l’œuvre la plus connue d’Érasme. Elle est dédiée à Thomas More, son ami humaniste anglais. Dans son texte, il donne la parole à la folie qui fait son propre éloge, en montrant que les Hommes sont soumis à son règne et qu’elle seule peut les rendre heureux.

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À retenir

Érasme entend créer une foi nouvelle, conciliable avec la pensée des auteurs antiques et débarrassée de certains principes de l’Église éloignés du message du Christ. L’accès à Dieu ne peut se faire selon lui sans la connaissance.

  • Cette œuvre deviendra l’un des best-sellers européens du XVIe siècle.
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À retenir

On peut voir en elle un manifeste de l’humanisme car elle entreprend une réflexion critique sur les pratiques religieuses, elle prône une pédagogie basée sur l’étude des textes originaux et surtout elle allie les savoirs païens, c’est à dire non-religieux, et la théologie religieuse.

Le gigantisme chez Rabelais

Sa vie

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À retenir

Le plus grand des conteurs de la Renaissance est sans conteste François Rabelais, auteur de l’épopée burlesque de Pantagruel et représentant éminent du courant humaniste.

Alt texte Legende

Né à la fin du XVe siècle en Touraine française, on ne sait rien de son enfance ni de sa jeunesse avant 1521 où il devient moine en Vendée. Il étudie le droit en parallèle ainsi que la médecine. En 1532, il est un brillant médecin du Grand Hôpital de Lyon, et échange avec Érasme. À l’époque paraît un ouvrage populaire : Les grandes et inestimables chroniques du grand et énorme géant Gargantua, dont il s’inspire et décide d’écrire la suite.

Il publie donc Pantagruel en 1532, puis Gargantua en 1534, le Tiers livre en 1546 et enfin le Quart livre en 1552. Entretemps, il est nommé médecin du célèbre poète Du Bellay qu’il suit régulièrement dans ses voyages en Italie. L’ensemble de son œuvre est condamné par l’Église et Rabelais est emprisonné. Il meurt en 1553 et son Cinquième livre posthume paraît en 1564 mais l’authenticité du texte n’est pas certifiée.

Son œuvre

Gargantua et Pantagruel racontent les aventures de deux géants pris dans des questions religieuses, sociales et pédagogiques. Ces œuvres parodient les récits merveilleux et épiques des histoires de chevalerie médiévales.

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À retenir

Il utilise le thème du gigantisme, c’est-à-dire le développement exagéré de certains traits, pour représenter les idéaux et les ambitions du mouvement humaniste.

Alt Abbaye de Thélème Abbaye de Thélème

Ce sont des œuvres s’adressant à la fois au peuple et à un public d’érudits humanistes. Son deuxième livre, Pantagruel, raconte l’histoire du fils de Gargantua, et s’achève sur la fondation de l’abbaye de Thélème. Conformément à son nom (Thélème vient du grec et signifie « volonté libre »), ce couvent est gouverné par la liberté et la réalisation des désirs de chacun.

« Et leur règle n’était que cette clause : ‟ fais ce que voudras‟ » est-il écrit dans le livre.
Les Tiers, Quart et Cinquième livres racontent la suite des péripéties de Pantagruel et de ses compagnons. Ils se mettent en quête de trouver un oracle alcoolique qui leur apprendra que le savoir est essentiel pour accéder à la vérité.

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À retenir

Rabelais défend donc des thèses humanistes par le comique et le gigantisme.

Montaigne, un esprit « à sauts et à gambades »

Sa vie

Alt Michel de Montaigne Michel de Montaigne

Montaigne, né en 1533, a révolutionné le mouvement humaniste et la pensée moderne. Nietzsche disait d’ailleurs de lui : « qu’un tel homme ait écrit, vraiment le plaisir de vivre sur cette terre en a été augmenté ».

Élevé dans le château de Montaigne, le jeune noble reçoit une éducation humaniste rigoureuse. Son père lui apprit le latin avant le français. Il rencontre en 1557 Étienne de la Boétie, avec qui il noue une amitié très forte. Ce dernier mourra quelques années plus tard, ce qui donnera à son ami endeuillé l’envie d’écrire l’œuvre de sa vie : Les Essais. Montaigne s’engage alors dans un long voyage d’un an et demi à travers l’Europe.

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À retenir

Ce voyage lui permettra d’en apprendre davantage sur la politique et les mœurs étrangères pour nourrir son œuvre.

Son œuvre

L’esprit humaniste de Montaigne résonne incontestablement dans ses Essais.

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À retenir

C’est une œuvre de réflexion dans laquelle il tente de se peindre lui-même tout en portant un regard critique et affûté sur le monde moderne.

Son œuvre, soucieuse de représenter la pensée d’un homme en devenir, subira cinq rééditions successives entre 1580 et 1592. Ces réécritures lui donneront au final un caractère extrêmement vivant et varié. Les Essais traitent à la fois des thèmes de la religion, de la culture, de la politique et de l’Histoire. Ils sont en ce sens « ondoyants et divers » à l’image de son auteur. Ils débutent par de longs commentaires sur l’histoire et le monde, dans lesquels Montaigne insère de nombreuses citations des anciens, qui résonnent comme des arguments d’autorité. Il poursuit sur des réflexions autour de sujets très variés, mais toujours sous l’adage du « Que sais-je ? », emprunté au philosophe sceptique Pyrrhon.

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À retenir

Les Essais sont une invitation à la pensée libre et mouvante, qui ne s’arrête sur aucune certitude ou dogme, et qui est en cela représentative de la pensée humaniste.

Les Essais traitent aussi longuement de la meilleure façon d’enseigner afin d’avoir la « tête bien faite [plutôt que] bien pleine ». Il faut, selon Montaigne, ne pas se contenter de lire de la théorie, il faut surtout voyager et expérimenter. De même, il invite son lecteur à ne pas se fier à sa seule mémoire mais à utiliser sa raison.

La Pléiade, entre imitation et innovation

La Pléiade

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Définition

La Pléiade :

Le terme pléiade vient du grec pleias, qui désigne une constellation de sept étoiles. Il renvoie également à un groupe de sept poètes grecs qui vivait au IIIe siècle avant J.-C.

Une poignée de poètes de la Renaissance, fascinés par l’âge d’or antique, prend donc à son tour ce nom empreint d’histoire. Cette brigade est composée de sept poètes, Ronsard, Du Bellay, Pontus de Tyard, Jodelle, de Baïf, Belleau et Peletier du Mans. Tous formés dans la même école, ils apprennent à lire les poètes grecs et latins mais aussi les plus illustres philosophes. Ils s’intéressent également aux premiers auteurs de la Renaissance italienne, comme L’Arioste ou Pétrarque.

Leur œuvre

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À retenir

Le groupe de la Pléiade veut donner à la littérature française l’éclat des belles lettres antiques. Leur poétique se fonde sur la traduction et l’imitation de ces dernières. Ils ne recopient pas les textes mais les réadaptent dans l’optique de créer quelque chose de nouveau et d’original.

Leur manifeste est la Défense et illustration de la langue française (écrit par Du Bellay en 1549), dans lequel ils prônent un enrichissement du français, devenue langue nationale en 1539 après une ordonnance prise par François Ier.

Ils entendent nourrir la langue à travers le réemploi de mots anciens mais aussi par le biais de néologismes. De plus, ils rejettent les formes poétiques du Moyen Âge comme la ballade ou le rondeau, pour travailler l’ode et l’épopée antique, mais aussi le sonnet, que le poète italien Pétrarque avait déjà remis au goût du jour. Ils réadaptent aussi l’alexandrin et abandonnent le décasyllabe médiéval.

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À retenir

En s’appuyant sur les auteurs antiques pour renouveler et enrichir la poésie française, les poètes de la Pléiade sont garants de l’idéologie humaniste.

Conclusion :

Ces auteurs et leurs œuvres ont marqué leurs siècles pour les valeurs humanistes qu’ils véhiculent, comme la tentative de réconciliation entre connaissance et foi, l’éducation, l’importance de la pensée de libre examen, la foi en l’Homme et le pacifisme. Ces valeurs ont été reprises plus tard au siècle des Lumières, siècle d’un nouvel humanisme et de multiples remises en questions. On les considère encore aujourd’hui comme des textes résolument modernes.