Le langage poétique comme source de modernité

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La poésie : un travail sur le langage

  • La poésie est un genre littéraire qui tente de montrer les possibilités et les limites du langage par le biais d’une langue inhabituelle.
  • Elle invite le lecteur à réagir sur sa condition et sur son rapport au monde.
  • La poésie peut chercher à évoquer peu de choses en très peu de mots. On dit qu’elle porte en elle une puissance d’évocation.
  • Le langage poétique repose essentiellement sur des images, des sons, et des formes qui évoquent des sensations par un jeu d’associations habiles.
  • Plus les associations sont surprenantes et inhabituelles et plus leur puissance d’évocation est forte.
  • La poésie utilise un langage qui sera plus ou moins codifié selon les époques.
  • Au XVIe siècle, le genre poétique connaît un essor important sous l’impulsion des poètes de la Pléiade adoptent le sonnet.
  • Au XVIIe siècle, le Baroque est supplanté par le Classicisme caractérisé par une exigence de clarté et de mesure régie par des règles précises.
  • « L’Art poétique » (1674) de Nicolas Boileau est un poème didactique en alexandrins qui traite des règles fondamentales de l'écriture en vers et de la façon de s'approcher au plus près de la perfection.
  • À partir du XIXe siècle la recherche esthétique tente de s’affranchir de la forme fixe.
  • C’est l’époque d’une remise en question et même d’une révolution autour de la question du vers.
  • Les poètes du XIXe siècle revendiquent une liberté créatrice : ils vont peu à peu assouplir les codes qui régissent l’écriture du vers et imposer de nouvelles normes :
  • soit en utilisant une métrique moins conventionnelle ;
  • soit en multipliant les ruptures de rythme.

La poésie en liberté au XXe siècle

  • Le langage poétique instaure toujours un rapport spécifique entre le mot, l’image et le réel.
  • Les poètes du XXe siècle vont exploiter ces éléments du langage pour explorer un nouveau rapport au réel.
  • Certains vont se tourner vers une langue prosaïque et utiliser des tournures orales dans leurs œuvres (cf. Queneau).
  • Les poètes vont également explorer le langage au point d’inventer de nouveaux mots :
  • des néologismes
  • ou des barbarismes.
  • Ces deux nouveautés suscitent chez le lecteur une impression d’étrangeté.
  • Les réflexions des poètes s’appuient aussi parfois sur l’idée que le mot représente graphiquement la chose, ce qui accentue son potentiel d’évocation.
  • Dans son poème « L’huître », Francis Ponge choisit des mots qui présentent les mêmes particularités graphiques que l’huître pour la décrire : « verdâtre », « noirâtre », « blanchâtre ».
  • La dimension visuelle du langage poétique tient à la capacité qu'ont les mots de s’associer entre eux pour créer des « images » auxquelles participent les comparaisons et les métaphores (cf. Baudelaire et les correspondances).
  • Elle peut également passer par une mise en page particulière ou par une mise en relief de certains termes. (cf. Les Caligrammes de Guillaume Apollinaire).
  • Ces expérimentations visuelles touchent la sensibilité du lecteur comme un tableau touche la sensibilité du spectateur. Elles donnent à voir une autre perception du réel.
  • Au XXe siècle, les surréalistes comme André Breton et Paul Éluard, estiment que le rationnel n'est qu'une façon parmi d'autres d'envisager le réel.
  • Ainsi, l’Homme est constitué autant par ses rêves et son inconscient que par sa réalité éveillée.

Henri Michaux : « Le Grand Combat », Qui je fus

  • En marge des surréalistes, Henri Michaux (1899-1984) s’engage lui aussi dans une voie novatrice.
  • Son œuvre est caractérisée par une défiance radicale à l'égard du langage dont il désarticule la cohérence.
  • À Paris, la découverte de Lautréamont le pousse à écrire le recueil de poèmes Qui je fus en 1927.
  • « Le Grand Combat » est un poème tiré de ce recueil.
  • Dans ce poème, Henri Michaux s’emploie à manipuler le langage via l’utilisation :
  • d’une ponctuation expressive qui surcharge volontairement le texte ;
  • d’une syntaxe inventive et répétitive qui confère au poème un rythme nerveux et haletant ;
  • de nombreux néologismes façonnés par ses soins.
  • Via ces différents leviers, il déracine le langage pour mieux le libérer. Ces créations lexicales réinventent la langue, par la violence évoquée mais aussi par l’humour.
  • Malgré les mots inventés et le rythme anarchique, le texte reste compréhensible car :
  • le titre, « Le Grand Combat », est explicite ;
  • le champ lexical du combat est présent et les allitérations aux sonorités dures figurent la bataille jusque dans les sens ;
  • le respect de la syntaxe et de la grammaire, ainsi que la cohérence de la chronologie, permettent une lecture fluide du texte ;
  • les mots déformés sont soit reconnaissables, soit interprétables.
  • Toute la subtilité de son écriture tient dans la dynamique d’une double lecture qu’elle laisse paraître.
  • Au-delà du sens du mot ou de la scène évoquée, c’est l’émotion conduite par la sonorité qui fait à la fois le sens et l’intérêt du texte.
  • Ce « Grand Combat » n’est qu’un prétexte à la création poétique et linguistique.