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La nature
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Définitions à connaître : nature, culture, mécanisme, finalisme, axiologie.
Les stoïciens ont particulièrement insisté sur cette idée : s’interrogeant sur la meilleure manière de vivre, distinguant les tendances naturelles des hommes, par oppositions à des tendances non naturelles.
Pour vivre une vie bonne et philosophique, les hommes devraient suivre leurs besoins naturels et se tenir à distance de ce qui s’en écarte.
Dans le Gorgias de Platon, Socrate (dont Platon était le disciple) rappelle la conception harmonieuse de la nature. Plus loin, Socrate discute avec Calliclès qui, partant d’une même définition de la nature, en tire des règles d’existence différentes. Pour Calliclès, suivre la nature ne signifie pas mener une vie simple, comme le pensent les stoïciens, ni s’efforcer de se rendre maître de ses désirs, comme le pense Socrate. Il élargit la définition en développant le concept de justice naturelle :
« […] la justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins bon, et le plus fort que le moins fort. »
Platon, Gorgias.
Selon Calliclès, la nature n’est pas seulement un principe d’harmonie et d’unité, elle est aussi une justification de la domination et de la force.
Aristote propose de distinguer les choses qui existent par la nature, de celles qui existent par d’autres causes, auxquelles il donne le nom d’« art ».
Pourtant, Aristote ne fait pas de la nature le domaine de la pure liberté, mais un univers régi par des lois au même titre que la société. Si la nature peut nous apparaître comme sauvage et dépourvue de rationalité humaine, elle est pourtant un monde avant tout physique, c’est-à-dire régi par les lois de la physique.
Il s’agit, pour l’humanité moderne, de s’affranchir de la domination de la nature, ainsi que l’exprime Descartes dans son Discours de la méthode.
Grâce aux connaissances techniques et scientifiques, les hommes pourraient se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
Il faut toutefois nuancer ce désir de maîtrise, Descartes disant bien qu’il s’agit de se rendre « comme » maître. Son objectif n’est pas la domination de la nature pour elle-même, mais l’amélioration des conditions de vie.
En distinguant conceptuellement fin et moyen, Kant a contribué à circonscrire le rôle de la nature dans son livre : Fondements de la métaphysique des mœurs.
Si la nature est dépourvue de raison, elle n’a donc qu’une « valeur relative », c’est-à-dire relativement à ce qu’elle permet de réaliser (par exemple, se nourrir). La nature est ici définie comme moyen et non comme fin en soi, c’est-à-dire comme ce qui vaut pour soi-même. En tant que moyen, elle est donc au service d’une fin qui lui est extérieure.
L’anthropologue français Philippe Descola a critiqué le dualisme entre nature et culture, en observant que le concept de nature, loin d’être universel, était au contraire propre à la pensée occidentale.
Il explique que « sans doute la nature n’existe-t-elle pas pour bien des peuples comme un domaine ontologique [c’est-à-dire formant la même unité qu’un être] autonome » et que la question de la nature ne s’est « guère posée pour de nombreuses cultures. C’est là un fétiche qui nous est propre » (Par-delà nature et culture, 2005).