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Les États-Unis et le monde depuis 1918
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Introduction :
Sur le plan international, on définit une puissance par sa capacité à influencer et à s’imposer dans les relations internationales. C’est une question de rapport de force. Une des premières idées qui nous viennent à l’esprit lorsqu’on parle de la puissance d’un État, c’est sa puissance militaire, qui est directement liée à sa puissance économique. Au hard power, la capacité d’avoir recours à la force, se substitue en partie le soft power, la capacité de s’imposer en dehors de la force.
Pour les États-Unis, on parle d’hégémonie tout au long du XXe siècle, c’est-à-dire que peu à peu, les États-Unis ont pris le dessus sur les autres nations. Cette notion de puissance évolue avec le temps. Les critères de définition d’une puissance au début du XXe siècle sont différents de ceux qu’on utilise en ce début du XXIe siècle.
Comment les États-Unis se sont-ils affirmés comme puissance mondiale depuis 1918 ? Quels chemins ont-ils emprunté ?
Dans une première partie, nous allons partir de 1918 et des 14 points du président Wilson ; et nous irons jusqu’en 1945 et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans une deuxième partie, nous verrons le rôle mondial des États-Unis pendant la guerre froide, de 1945 à 1980. La troisième partie sera consacrée à la fin de cette guerre froide et au repositionnement du pays dans un monde totalement nouveau.
Des 14 points du président Wilson jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale
La doctrine Monroe
Au XIXe siècle, les États-Unis se sont plutôt tenus à l’écart de l’Europe.
Selon la doctrine Monroe (du nom du président Monroe qui a défini en 1823 une politique extérieure centrée sur le continent américain), toute tentative de colonisation ou d’intervention par un pays européen en Amérique du Nord ou du Sud serait vue comme un acte d’agression. En échange, les Nord-américains ne se mêleraient pas des affaires des Européens sur le vieux continent ou dans leurs colonies.
Au plan international, les Nord-américains défendent alors surtout la liberté de circulation sur les mers et océans afin d’affirmer leur puissance économique et commerciale dans le monde. Dans les faits, leur influence s’exerce surtout sur le continent américain.
Les 14 points du président Wilson
La doctrine Monroe n’a pas résisté à la Première Guerre mondiale.
En effet, dans un premier temps, l’opinion publique américaine n’est pas favorable à une intervention contre l’Allemagne et la Triple-Alliance. Finalement, l’entrée en guerre des États-Unis en 1917 aux côtés des pays de la Triple-Entente est décisive pour la victoire.
Président Wilson - auteur inconnu - Domaine public
Le président américain Wilson élabore un plan de paix, un partage de l’Europe et imprime sa vision du monde à travers ses « 14 points », dont voici l’essentiel :
Les « 14 points de Wilson » permettent la création de la SDN, Société des Nations, organisme de paix et de coopération entre les nations, aux ambitions élevées mais qui n’a que peu de moyens.
Les traités de paix, notamment le traité de Versailles entre la France et l’Allemagne, imposent des dettes colossales au perdant et surtout un territoire coupé en deux par le corridor polonais de Dantzig.
De retour dans son pays, Wilson soumet au Sénat les traités internationaux afin qu’ils soient ratifiés, ce que les sénateurs refusent. Le pays de Wilson, instigateur de ces traités, ne fait donc pas partie de la SDN.
Sur le plan économique, le pays profite du déclin de l’Europe, lié à la catastrophe de la Première Guerre mondiale, pour prendre des parts du marché mondial et devenir le créancier de l’Europe et du monde.
L’isolationnisme est renforcé sur de nombreux plans par la crise de 1929.
Une soupe populaire pendant la Grande Dépression - National Archives and Records Administration, auteur inconnu - Domaine public
Le krach boursier de Wall Street plonge les États-Unis dans des années noires sur le plan économique, la misère et chômage frappent massivement la population.
La Seconde Guerre mondiale
Jusqu’ici largement ouverts aux flux migratoires, et dotés d’un immense pouvoir d’attraction, les États-Unis se ferment peu à peu par des lois de quotas limitant les visas d’entrée, limitent même l’arrivée des Juifs ayant fui les persécutions en Allemagne et pour qui l’Amérique du Nord était un refuge.
Face aux périls montants en Europe et dans l’esprit de la doctrine Monroe, le congrès américain vote trois lois de neutralité qui mettent les États-Unis hors du champ d’une future guerre.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate en Europe, ils se contentent de faire passer la loi « Cash and carry », pour « payez et emportez », et la loi « prêt bail » qui mettent à disposition des démocraties européennes l’armement américain en payant comptant et en en assurant le transport.
C’est l’attaque surprise du Japon contre la base navale de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 qui pousse finalement les États-Unis à s’engager dans le conflit.
Leurs capacités économiques et technologiques contribuent grandement à la victoire des Alliés et les propulsent au rang de puissance internationale.
En février 1945, la conférence de Yalta réunit Churchill, Roosevelt et Staline, qui décident du sort du monde d’après-guerre.
De gauche à droite : Churchill, Roosevelt et Staline lors de la conférence de Yalta - Auteur inconnu - Domaine public
Les États-Unis et leur rôle international pendant la guerre froide (1945-1980)
La première puissance mondiale
La Seconde Guerre mondiale a propulsé les États-Unis au rang de puissance mondiale qui bénéficie de beaucoup d’atouts en 1945 :
USA contre URSS
Face à l’URSS et en ce début de guerre froide c’est la fin de l’isolationnisme américain. Selon la doctrine Truman de 1947, ils prennent la responsabilité de devenir les leaders du monde libre, et ils s’engagent sur plusieurs fronts.
Sur le plan économique, les États-Unis imposent en 1944 un système monétaire international par les accords de Bretton Woods, qui désignent le dollar monnaie internationale équivalent à l’or. Ils imposent les accords du GATT sur le commerce international pour faire baisser les barrières douanières.
Toujours pour contrecarrer l’URSS, ils lancent le plan Marshall, une aide financière et économique aux pays libres visant à reconstruire la vieille Europe et relancer l’économie.
Cette aide est une aubaine pour l’Europe, mais n’est pas totalement désintéressée : les États-Unis prêtent et donnent de l’argent aux Européens, qui en retour s’en servent pour acheter des produits américains.
Sur le plan politique, les États-Unis créent de multiples organisations militaires pour « encercler » le monde communiste dont l’OTAN, l’ANZUS, l’OTASE, le pacte de Bagdad et un traité avec le Japon, ennemi d’hier mais qui devient un allié précieux en Asie, face à la montée du communisme.
De plus, les interventions militaires dans les pays communistes sont multiples :
Ils font et défont de nombreux gouvernements au Proche et Moyen-Orient en Iran, et en Irak dans les années 1950.
Ils conduisent la même politique en Amérique latine où ils soutiennent ou mettent en place des régimes dictatoriaux de droite très répressifs, comme au Chili ou en Argentine dans les années 1970.
La CIA joue un rôle fondamental dans la guerre froide.
Domination culturelle
La guerre froide permet aux États-Unis d’affirmer leur culture au niveau international. Leur modèle culturel s’exporte dans le monde occidental, via leur musique, le cinéma d’Hollywood, la mode vestimentaire…
Le mode de vie américain fait rêver des millions de personnes.
Leur niveau de vie ne cesse d’augmenter, c’est la vitrine de l’Occident. Ils fournissent les prix Nobel, les médailles olympiques et les prouesses technologiques, notamment sur le plan aérospatial avec le premier homme à poser le pied sur la lune, Neil Armstrong.
Les États-Unis restent un pays très attractif. Les populations asiatiques fuyant le communisme ou les Latino-américains fuyant la misère frappent à la porte du pays depuis 40 ans.
Une puissance imparfaite
La puissance américaine connait une certaine érosion et de multiples revers dans les années 1960-1970.
Tout d’abord l’érosion économique se fait sentir à la fin des années 1960. La crise des années 1970 avec ses deux chocs pétroliers touche de plein fouet l’industrie américaine.
Sur le plan international, l’Europe se détache peu à peu de la tutelle américaine.
La guerre du Vietnam donne une mauvaise image des États-Unis. C’est une première défaite militaire et un symbole dont les Américains mettront beaucoup de temps à se débarrasser : les États-Unis ne sont pas invincibles.
Cette image négative est aussi véhiculée par leur soutien aux dictatures d’Amérique du Sud, comme au Chili, ou en Argentine.
Dans leur bataille d’influence sur la scène internationale, les Américains perdent un allié de poids au Moyen-Orient en 1979 : l’Iran fait sa révolution et les islamistes chassent le Shah, monarque soutenu par les Américains.
La guerre froide a montré le puissant interventionnisme américain d’après-guerre, plus nuancé ensuite dans les années 1970 après l’échec au Vietnam.
Fin de la guerre froide et nouveau positionnement des États-Unis
Fin de la guerre froide
Photo de Ronald Reagan - Auteur inconnu - Domaine public
La présidence de Ronald Reagan en 1980 est le début d’une « reconquête » américaine. Son slogan évocateur est America is back : « l’Amérique est de retour ».
Les États-Unis sont offensifs, notamment en Europe en installant des missiles nucléaires Pershing en RFA, visant la RDA et le monde communiste.
La course aux armements voulue par les États-Unis pousse l’URSS à faire une pause et à revoir ses structures de fonctionnement. Reagan lance le programme de l’IDS, l’Initiative de défense stratégique, que l’on a surnommée la « guerre des étoiles ». Cela a notamment obligé les Soviétiques à faire des efforts supplémentaires d’investissement, qu’ils ne pouvaient plus soutenir.
L’interventionnisme
Les Américains deviennent les « gendarmes du monde ».
La première guerre du Golfe en 1991 leur permet d’affirmer leur supériorité militaire, technologique et financière. La victoire efface le syndrome vietnamien. Ils interviennent aussi en Yougoslavie, en Somalie et en Haïti.
L’OTAN, créée pour lutter contre l’URSS, devient un instrument d’hégémonie américaine et étend son influence de plus en plus vers l’Est.
Sur le plan économique les États-Unis connaissent une croissance très positive ce qui leur permet de signer les accords de libre-échange de l’ALENA avec le Canada et le Mexique dont ils sont largement bénéficiaires.
Ils transforment le GATT en OMC en 1995 afin d’imposer un libéralisme économique sur l’ensemble de la planète. Les États-Unis monopolisent les moyens de communication avec Internet et les moyens de localisation avec le GPS. Les moyens de surveillance et d’espionnage par satellites leur donnent une supériorité mondiale.
Antiaméricanisme et terrorisme
Ces politiques d’interventions militaires, d’hégémonie économique et culturelle nourrissent un antiaméricanisme qui se développe sous différents aspects. Les forums mondiaux altermondialistes contestent par exemple cette hégémonie américaine mais de manière démocratique.
Le terrorisme islamiste international s’attaque lui aux États-Unis de manière violente. De nombreux attentats antiaméricains se sont produits dans les années 1990, et les attentats du 11 septembre 2001 ont été un tournant dans l’histoire des États-Unis.
Ces attentats déclenchent deux guerres :
Pour intervenir en Iraq, les États-Unis ont passé outre l’accord de l’ONU et de son Conseil de sécurité. Ils ont bafoué le droit international et déclenché une guerre justifiée par un mensonge d’État : les fameuses armes de destruction massives qu’aurait détenu l’Iraq de Saddam Hussein.
Photo du président George W. Bush - ©USCG photo by Telfair H. Brown, Sr. - Domaine public
George W. Bush, président néoconservateur américain parle de « croisade », « d’axe du mal », de « guerre de religion et de civilisation ». Sa vision manichéenne enflamme encore plus les tensions à travers le monde.
Au final, les guerres en Irak et en Afghanistan sont des échecs.
Avec l’arrivée au pouvoir du démocrate Barack Obama, les États-Unis se sont dans un premier temps retirés massivement de ces deux pays, et y renvoient progressivement des soldats depuis.
Les États-Unis restent une puissance mondiale mais ils revoient leur politique internationale. Les interventions militaires ne sont plus à l’ordre du jour.
Les rapports économiques mondiaux ont changé et ils doivent tenir compte des pays émergents, notamment de la Chine.
Le monde se recompose sur les plans politiques, militaires, démographiques et économiques. Les États-Unis sont contraints d’intégrer ces nouvelles configurations.
Ils sont sur une ligne du multilatéralisme pour gérer les grands problèmes planétaires.
Ils restent cependant encore un acteur majeur des relations internationales.
Conclusion :
Suite à la Première Guerre mondiale et grâce au président Wilson, les États-Unis sont passés au début du XXe siècle d’un statut de puissance régionale à celui de puissance mondiale. En mettant fin à la doctrine Monroe et à l’isolationnisme, Wilson a permis à son pays de se développer économiquement et de gagner en influence.
Cette progression s’est confirmée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Le plan Marshall et la guerre froide contre l’URSS ont agrandi la sphère d’influence américaine, qui est passée de puissance à superpuissance. La chute de l’Union soviétique en 1989 marquera par la suite le début du règne sans partage de l’hyperpuissance américaine.